La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
Les arbres déploient l’éventail
de leurs branches noueuses,
lacis bleu gris
de veines intriquées
sur le poing fermé du jour
qui pèse
de tout son poids
de chagrin.
Mais quand ils dormiront
à poings fermés, les arbres,
branches repliées sous la tête,
le crépuscule libérera
le troupeau des étoiles piaffantes.
Mille sabots de lumière.
Pour que les mots
sortent de l’ornière.
Mille crinières de lune trouble.
Pour que la parole s’inscrive
dans l’opuscule
entre deux eaux.
In La parole comme un cristal de sel, © Cardère, 2016
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Contribution de PPierre Kobel
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