Frances McDormand a obtenu de nombreuses récompenses dont trois Oscars de la meilleure actrice pour Fargo, pour Three Billboards, les panneaux de la vengeance et pour Nomadland. L’actrice sexagénaire conduit ce dernier film multirécompensé avec une maîtrise qui exprime pleinement son engagement pour le sujet.
Ce road movie revisité raconte le cheminement physique et psychologique de ces travailleurs déjà anciens qui se sont retrouvés à la porte de leur existence à la suite de la crise de 2008. ce ne sont pas seulement des entreprises, des usines qui ont fermé, ce sont des villes telle celle d’Empire d’où part l’héroïne qui ont perdu leur entité. Fern, veuve et sans-emploi, part sur la route au volant de son camping-car aménagé à la recherche d’emplois provisoires qui lui permettent de subsister. Une saison chez Amazon, une autre à récolter les betteraves. Plus loin elle gère un camping, travaille dans un restaurant. Autant d’occasions de rencontrer d’autres itinérants à la poursuite de leur existence, de se rassembler avec eux dans le désert pour mieux apprendre l’autonomie, de nouer des amitiés affectueuses avec certains, Dave, Swankie…
Au-delà des aléas du temps, des accidents de la vie, malgré des retours passagers dans des cercles familiaux chaleureux, Fern fait le choix définitif d’un nomadisme existentiel. Un nomadisme qui, à la fois, est sans issue et signifie une liberté individuelle plus forte que bien des contraintes sociales, affectives dont on ne mesure plus toujours la part de soumission qu’elles représentent. Lorsque Fern, à la fin du film, revient sur les lieux de son passé, c’est pour nous dire que l’espace de notre vie est sans cesse à conquérir.
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