Des lecteurs en sensibilité », quésaco ? C’est la dernière invention des éditeurs et auteurs de nos amis états-uniens pour instaurer une censure qui ne dit pas son nom et permettre la suppression dans les écrits de tout ce qui pourrait heurter une minorité de quelque sorte qu’elle soit. À l’heure où rien n’arrête des insultes extrêmes, des appels à la violence et pire encore sur les réseaux sociaux, où aucune raison n’est préservée dans les rapports sociaux, où le discours politique est vrillé par des phrases assassines loin de tout échange constructif, à quoi sert de vouloir ainsi aseptiser l’écriture ?
L’écriture doit rester le sel des différences, des provocations, elle doit pouvoir alerter contre les diktats du pouvoir et des groupes de pression sur l’esprit. Dans une tribune au Monde, la philosophe Marylin Maeso parle avec raison d’appauvrissement des esprits. Ce sont la langue, le raisonnement, l’invention, le vocabulaire qui perdent à cette intrusion moraliste dans la création.
Là comme ailleurs, on pousse le balancier à un extrême sans jamais chercher le juste équilibre entre la liberté d’expression et le respect d’autrui. On bafoue la littérature au nom des convenances partiales, d’une morale craintive et des intérêts mercantiles d’une gent éditoriale qui fait passer la sécurité financière avant toute prise de risque.
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