Camille, c’est Camille Lepage, cette jeune photographe assassinée en Centrafrique en 2014 à l’âge de 26 ans. Boris Lojkine réalise un film qui choisit de montrer l’engagement de Camille au plus près de l’action. À voir Nina Meurisse qui l’interprète, tournoyer, l’appareil à l’œil, au milieu de la furie humaine et des flammes de la guerre, on pense à la phrase de Robert Capa : « Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près. » Elle est allée au plus près, elle en est morte quand il lui restait tant à dire de l’humanité qui se dégageait de ses photos, de la vie qu’elles respiraient même quand elles montraient la souffrance et la mort. Inconscience ? Certes non ! Une foi en son métier, en la nécessité de son message, dans le devoir d’informer qui a pu la conduire à un excès de confiance.
Son talent était déjà reconnu, ses amis et sa famille au premier plan ne l’ont jamais oubliée. Ce film est plus qu’un portrait. Il rappelle l’importance de l’image dans un univers médiatique où le travail de fond des reporters est exploité et déconsidéré au profit de scoops volatiles et du rapport financier exclusif. Il informe sur les tourments d’une Afrique qui reste encore aujourd’hui le continent de tous les possibles, des pires comme des meilleurs, de sociétés soumises à une violence entretenue par la cupidité des politiques et des exploiteurs postcoloniaux, sur l’hypocrisie du discours des puissances étrangères.
On pleure et on enrage de la mort de Camille Lepage comme de celle de ses confrères assassinés sordidement. Ce film a le mérite de réveiller nos consciences lorsqu’elles s’endorment dans les bons sentiments et de nous conduire à relayer la parole nécessaire de la résistance.
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