Pour identifier un blog, il faut lui donner un titre court, qui ne soit pas commun et qui corresponde au plus près à ce qu'il contient.
Pour celui-ci, vous aurez échappé à :
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« Coups de gueule ». Trop réducteur et agressif.
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« Coups d'essai ». Certes, un clin d'œil à Montaigne, mais trop prétentieux.
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« La vie inventée ». Là aussi de la prétention malgré une référence à Thierry Metz.
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« La traversée des jours ». Quoi de plus commun ?
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« La lisière des jours ». Pas vraiment mieux.
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« Le dit de Toth ». Trop savant.
C'est en me replongeant dans l'ouvrage indispensable de Jérome Rothenberg, Les Techniciens du sacré, que j'ai découvert ce mot des Indiens Kwakiutl : hamamama.
Un extrait de la page 463 :
Un jour, alors que les chanteurs répétaient dans les bois un nouveau chant, il en manquait un au faiseur de chant pour compléter sa série et il demanda aux autres s'ils pouvaient lui en trouver un. Les autres compositeurs présents n'en avaient aucun à lui offrir. Le regard de l'un d'eux se posa sur une femme, une faiseuse de chant invitée pour la circonstance, et dit au chef de l'assemblée : « Je vais lui poser la question. » La femme entendit la phrase, saisit l'inflexion des syllabes montantes et descendantes et se mit à fredonner hamamama. Dès que le son sortit de ses lèvres, ceux qui se trouvaient de l'autre côté du cercle l'entendirent : ils se mirent aussitôt à le fredonner et composèrent ensemble le chant qui manquait. Cette manière de saisir une mélodie s'appelle « recueillir le chant dans le creux de ses mains ».
Mot pour signifier le fredonnement qui conduit au chant clair et distinct. Travail des mots, des sons tel celui du potier qui part de son bloc de glaise jusqu'à l'obtention de la forme et de l'objet.
On s'inscrit là dans les territoires incertains et flottants du mot et de la pensée. On est dans la recherche de soi c'est-à-dire dans la recherche du monde.