Quand on écrit, on doit un peu « halluciner » son texte, et c’est pareil quand on lit. Lire et écrire sont toujours le recto et le verso d’une même présence au monde. Parfois, les écrivains disent qu’ils ne lisent pas leurs contemporains. Moi, je ne peux pas écrire si je ne lis pas. À chaque écriture, j’ai une pile de livres à côté de moi. Quand je me déplace, j’ai toujours mes carnets et plein de livres. Parfois, je ne les lis pas, mais je les ai, et c’est important qu’ils soient là.
Maylis de Kerangal, in Télérama
Propos auxquels j’adhère sans réserve. Quelle présomption que de vouloir écrire sans savoir à qui se référer. Nous sommes tous faits en partie d’une culture qui nous précède, qui nous accompagne. Qu’on le veuille ou pas, qu’on tente de faire sans elle ou qu’on la revendique, notre culture, nos lectures, notre appréhension du monde s’inscrivent dans notre propre création.
Les livres font plus que m’entourer, ils envahissent mon logis dans toutes les pièces, se dédoublent sur les étagères, s’empilent au sol, se font oublier, surgissent d’un oubli de 20 ans quand ils redeviennent utiles. Garde rapprochée du lecteur, intercesseurs avec le monde, ils en sont à la fois un miroir et une projection nécessaires à sa bonne marche.
Que lirai-je aujourd’hui ? Lequel des livres déjà entrepris aura ma préférence, s’accordera à mon humeur ? Quelle plaquette de poèmes viendra troubler l’ordre fragile de mes envies ?
je me ferais volontiers livre pour partager votre vie, ou page volante s'il le faut, que vous oublierez vingt ans sous une pile, me sachant chère et précieuse j'attendrais, patiente, que vous me redécouvriez! Fidèlement à vous.
Rédigé par : Roselyne Fritel | 22 juin 2014 à 11h28