Les femmes sont le plus souvent les premières victimes des soldats quand ils pénètrent un territoire ennemi. Le viol est indissociable des guerres depuis toujours et l’enlèvement des Sabines n’est qu’une image enjolivée de cette violence qui leur est faite, n’en déplaise à Poussin, David et Picasso.
Une amie me raconte comment son père, soldat en Allemagne avant de partir en Algérie dans les années 50, fut stupéfait de constater que des soldats français agressaient des femmes allemandes. Mais le temps qui passe n’enlève rien de cette ignominie et l’institutionnalise même. Sur France Inter, Pascale Clark recevait ce matin la juriste internationale Céline Bardet et le Professeur Guy-Bernard Cadière alors que va se tenir un sommet mondial contre les violences sexuelles en temps de guerre à Londres du 10 au 13 juin. Ils étaient là pour redire comment les violences sexuelles sont utilisées comme armes de guerre dans les conflits actuels. Ce fut le cas dans les Balkans. Relisons Les deux fins d’Orimita Karabegović de Janine Matillon, un roman paru chez Maurice Nadeau en 1996. C’est plus que jamais le cas en Afrique. Je renvoie à la contribution que j’écrivais dans La Pierre et le Sel en novembre 2013.
Se scandaliser ne suffit pas. Il faut dénoncer sans relâche ces pratiques. Toucher ainsi les populations dans leur chair et leur intimité, détruire les organes sexuels des femmes, mais aussi des petites filles, c’est se mettre au ban de l’humanité. Quant aux maîtres d’œuvre de ces campagnes de destruction, ce ne sont que des salauds dont on devrait rayer le nom, à qui il faut dénier toute identité, qu’il faut bannir à vie de toute société.
Je n’ai aucune illusion quant à l’écho de ces lignes. J’ai la certitude que le pire est de ne rien dire, de ne pas crier sa colère. Je peux le faire ici et mon rêve est que d’autres le feront ailleurs, que cette dénonciation participera d’une nouvelle prise de conscience en devenir.
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