La question se pose : la guerre est-elle constitutive de l’humanité à ce point qu’elle est inévitable ? Télérama dans son numéro du 8 au 14 novembre fait d’elle le sujet d’un dossier entre commémorations de 14-18 et actualité à Kobané, en Syrie, en Ukraine, en RDC, au Mali, etc., entre horreurs d’hier et d’aujourd’hui. Ce matin, j’entends à la radio un journaliste demander si les gouvernants israéliens et palestiniens veulent vraiment que la guerre cesse entre leurs deux pays. On connaît la phrase de Paul Valéry : « La guerre est faite par des gens qui ne se connaissent pas et qui se tuent, au profit de gens qui eux, se connaissent et ne se font jamais de mal. » Il est facile à écouter et lire les médias d’attribuer les causes des conflits à la religion, au nationalisme. À considérer les faits de plus près, on ne peut s’y tromper, une guerre tient à des intérêts économiques, à la volonté de s’approprier des ressources, des richesses.
Qu’elle se pare de la légitimité d’un État, qu’elle s’accompagne du charisme d’un leader ou qu’elle se mène sous la gouverne de brigands et de mercenaires, rien n’y change ni sur la forme ni sur le fond. Le profit c’est celui de quelques-uns, maîtres de la finance et de la politique, grandes sociétés industrielles à l’anonymat sans état d’âme et aux pratiques occultes. Le discours philosophique de quelques bien-pensants moralistes, l’image médiatique emplie de compassion peut-elle suffire à masquer que les premières victimes de la guerre sont des civils, enfants, femmes et vieillards, qu’elle ne respecte plus aucune règle ni tabou, mêlant destructions du patrimoine et violences les plus ignobles ?
Ne soyons pas naïfs, ce que je viens d’écrire ne changera rien à l’affaire. Les dénonciations publiées au fil de reportages engagés par des correspondants de guerre, plus souvent blessés de désespoir que physiquement, suffiraient à éradiquer le mal par leur honnêteté et leur sincérité si leurs écrits trouvaient un véritable public malgré des médias tenus, pour la plupart, à la gorge, par l’argent.
Reste la conviction profonde en la force de la parole éducative, en celle de l’art et de la poésie. Reste la parole inaliénable des insoumis au-delà de toute utopie.
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De la non humanité, article du 9 juin 2014