Marie-Hélène Lafon pourrait n’être qu’une romancière régionaliste tant elle revient de façon récurrente à son Cantal natal. Mais elle est faite de sa géographie, de ses pierres, de ses monts et de ses vallées, de ses habitants dont elle est si proche. « Ces lieux façonnent des gens un peu verticaux, austères et tenaces… C’est un fond dont je ne me suis jamais départie, et le travail d’écriture, depuis plus de vingt ans, m’y confronte constamment […] ; ce nord du Cantal, ce pays perdu à mille mètres d’altitude, est fondateur ; et le sauvage n’est jamais loin ; il palpite sous l’écorce des choses. » dit-elle. Elle sait faire de tout cela le miel d’une écriture qui s’élève à l’universel de l’homme. À l’instar d’un Giono, d’une Marcelle Delpastre, plus près de nous d’un Pierre Michon, d’un Pierre Bergounioux, elle inscrit sa langue dans le cercle magique d’un pays où sa créativité est en phase avec son imagination. On sait que ses « derniers Indiens », que son « Joseph » sont les tenants d’un monde en voie de disparition, d’une société d’avant, mais les lettres de noblesse qu’elle leur donne, permettent au moins d’éviter leur effondrement définitif, au mieux de garder espoir.
Ce « Pays d’en haut » qu’elle raconte à Fabrice Lardreau est la source fondatrice de son récit d’écrivain. Marie-Hélène Lafon est de ces auteurs qui aident à vivre, qui donnent à vivre. Elle dit dans un entretien accordé à Encres Vives : « C’est merveilleux. L’écriture ne se joue pas en termes d’évacuation mais de surcroît d’énergie. Une lectrice qui avait lu deux de mes livres était venue à une rencontre, n’avait rien dit, seulement à la fin : je suis venue voir si vous étiez aussi sinistre que vos livres. Il y a quelque chose de la noirceur du monde qui échappe dans l’écriture. »
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