Il est des moments qui restent merveilleux dans le métier d'enseignant, particulièrement avec la petite enfance. Ce sont les moments chrysalides, ces instants fugaces par lesquels passe un enfant quand il s'éveille à un apprentissage, quand il franchit un cap de la maturité ou de l'autonomie. C'est cet enfant dont on doit attacher le manteau, les lacets, depuis le début de l'année et qui, du jour au lendemain, ne demande plus rien parce qu'il sait le faire seul, plus rare encore c'est cette petite fille qui, depuis deux semaines s'évertue à vouloir faire du vélo « sans petites roues », multiplie les chutes et les échecs et un matin, triomphante, fait le tour de la cour en pédalant, sans aucune difficulté. Plus subtil encore, c'est ce grand garçon qui jusqu'à présent, se laissait entraîner aux bêtises de son copain de classe, prisonnier à la fois de son désir de jouer et de la crainte d'être réprimandé. Et le voici, le temps d'un week-end, qui revient à l'école, sûr de lui, autonome et psychologiquement grandi comme par magie. Un palier est franchi.
Dans l'enseignement, rien n'est jamais acquis, toute compétence s'apprend lentement, tout développement se fait avec des pauses, parfois des régressions.