Dans moins de 10 jours, les Européens sont appelés à élire les députés de l’Union européenne. Ah bon ? À voir fleurir les placards des panneaux électoraux, fourre-tout de tous les yaquafautquon qui profitent de l’occasion pour tenter d’exister en avançant masqués pour un grand nombre d’entre eux dont l’identité politique reste floue, voire inconnue, on se demande ce que le gâteau a de bon.
Et, en regard de cela, que signifie la quasi-absence de campagne électorale de la part du pouvoir et des grands partis ? Ils ne font que répéter à satiété les reproches habituels d’un aux autres sans plus s’avancer sur ce qu’ils veulent de l’Europe. Le jeu compliqué des institutions, de la gouvernance, des réglementations est fait pour réserver leur emploi à une caste de spécialistes qui ne voudraient en aucun cas laisser transparaître plus que nécessaire de leurs affaires.
Retour à la case départ. Ces élections européennes qui se veulent démocratiques, qui sont proportionnelles, conduisent une fois de plus à un résultat, sinon programmé, du moins manipulé en amont. C’est le fait de cette non-information qui conduit à l’abstention, le fait de la multiplicité excessive des candidatures qui laisse le champ libre aux grands partis et aux professionnels de la politique.
On veut, cette fois-ci, faire peur en narguant de la force des eurosceptiques et de la montée des nationalistes de tous poils. Certes, à considérer la résurrection des partis réactionnaires, à constater quel écho favorable trouve le discours des bateleurs des extrêmes, on se demande si les leçons de l’Histoire servent à quelque chose. Et puis, après tout, comme l’a déjà dit le vieux Le Pen, qu’aucune parole n’a jamais étouffé, « les promesses n’engagent que ceux qui les croient. » Le bon peuple n’a plus qu’à gober sans réfléchir.
Quant aux médias, pris dans leur jeu pervers du sensationnel, que peuvent-ils trouver de glamour à ces élections quand, dans le même temps, les parades cannoises aveuglent les mirettes de tous les spectateurs éblouis ?
Mais, me dira-t-on, que veut-il ce râleur ? Allez-le demander, à tous ceux qui bénéficient de séjours à l’étranger dans le cadre du programme Erasmus, à tous ceux qui traversent les frontières pour travailler dans un pays étranger, à ceux qui participent aux jumelages de villes et en tirent enrichissement, aux artistes des festivals internationaux pour qui le dialogue est permanent et qui savent que l’échange, c’est la paix plus assurée. Je préfère cela aux matamores d’un nationalisme éculé, aux provocations réductrices et appauvrissantes de leur discours et à la violence latente, parfois affichée, qui va avec.
Quand je voyage en France, je sais que non seulement j’aime ce pays, mais que je n’ai nullement envie de le voir perdre son identité. J’ai vécu, je vis parfois encore, dans des petits villages de diverses provinces. Partout, j’y trouve un caractère affirmé, une langue, une nourriture, des pierres, une culture qui m’apprennent à mieux vivre. Est-il besoin pour les préserver, d’afficher le rejet des autres, de diffuser la peur, d’exaspérer l’envie et la frustration ?
L’Europe n’a pas à bien se tenir. Elle ne doit pas être un terrain de jeu privilégié des financiers et des possédants, elle ne peut se suffire à être le sujet de la vindicte de tribuns en mal de reconnaissance et de mandats électifs.
Il lui reste à devenir un lieu d’avenir, le champ ouvert des rencontres et des expériences, un outil supplémentaire des solidarités et des développements raisonnés de l’humanité.
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