Merci Télérama ! Télérama qui pointe dans son numéro 3504 que « le peuple a bon dos ». Car il y en a ras le bol de cette démagogie de nos politiques qui presque sans exception en appellent au peuple et à sa soi-disant volonté pour mieux évacuer tout ce qui contrarie leur seule ambition.
La fin du système des partis ? Le peuple le veut ! Ils sont tous des candidats anti système. Ils exploitent l’opinion qu’ils manipulent, bien installés dans leurs privilèges.
La dénonciation des médias ? On les fait siffler du haut des tribunes. La liberté de la presse ? Ils n’ont que cela à la bouche tant qu’elle ne vient pas les contredire ! Les autres doivent la respecter, mais pas eux. On se laisse inviter sur les plateaux, voire on s’invite, pour mieux s’en prendre aux journalistes, les accuser d’incompétence, vendre son programme au lieu de répondre aux questions. Méprisants ou matamores c’est selon, peu importe puisqu’il s’agit de se mettre le peuple dans la poche, de tirer sur ces gens qui servent de boucs émissaires à moindres frais. Et quand ils sont débordés par la vitesse des réseaux sociaux, ils dénoncent la calomnie et utilisent les mêmes réseaux pour tirer sur les adversaires au-dessous de la ceinture.
L’indépendance de la justice ? Oui quand elle ne vient pas se mêler de leurs affaires et autres tripatouillages. Là aussi on s’en remet au peuple comme un bouclier. Et qui de se poser en victime, et qui de se défiler en usant de son mandat de députée européenne.
Et qui est-il ce peuple dont ils se réclament le temps d’une élection ? Pour chaque candidat, c’est celui de ses partisans, groupes exaltés, chauffés à blanc à force de slogans et d’a priori sans nuances. Cohortes d’individus qui s’excluent, s’insultent, se rejettent, mais ont en commun l’intolérance pour tout ce qui diffère d’eux, de leurs traditions, de leurs origines, de leur culture, de leur mode de vie. Vérités aveugles et manipulées, ostracismes entretenus pour diviser c’est-à-dire mieux régner, la formule est ancienne.
Un peuple au sens premier du terme n’a pas d’unité. S’il peut passagèrement se trouver uni autour d’une valeur forte, sous le coup d’un événement et de l’émotion qu’il provoque, il n’est pour le reste que le fruit de tant de diversité, d’une si longue temporalité que sa force et sa richesse ne peuvent se construire que par la rencontre et l’échange, par l’éducation et la réflexion, l’acceptation dérangeante de l’étranger, non par de fausses évidences, des peurs instillées et le repli sur soi.
Ce que veulent les Français n’est qu’un argument de vente dans le discours frelaté et commerçants des politiques. Ils flattent, ils caressent, bassesses électorales apprises dans les grandes écoles où l’émotion n’est qu’un paramètre de plus à gérer pour contrer l’intelligence et la réflexion de l’opinion publique. Ils flattent « le bon sens » populaire comme ils caressent la croupe des vaches au salon de l’agriculture.
Sur l’échiquier du pouvoir, le peuple n’est qu’un pion utile pour gagner. Ils n’ont cure ni avant ni après de sa réalité.
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