Romans, polars, BD… Les livres à emporter en vacances cet été titre Télérama. Que ce soit la presse nationale ou des institutions plus locales comme ma librairie voisine, ils ont le souci de mes lectures de vacances et ne manquent pas de me conseiller tel roman distrayant, tel polar plein de suspense, tel conte pour m’ouvrir au monde, tel essai ou biographie instructifs, telle BD pleine de rebondissements, sans oublier quelques titres pour nos chers petits, à lire sur la plage ou à l’heure du marchand de sable. C’est gentil à eux de se préoccuper de nos loisirs estivaux et du fonctionnement de nos neurones. Mais je fais toujours le même constat et je reviens à mon antienne habituelle : quid de la poésie ? Ah non ! Il remet ça vont penser certains. Ben oui, j’y reviens parce que ça me met en colère, cette absence significative d’une écriture qui a autant le droit de cité que les autres. C’est facile de la tenir pour négligeable quand elle est volontairement écartée des listes de recommandations de lecture. Savez-vous chers commerçants, chers journalistes, chers édiles de la culture que la poésie n’est pas plus emmerdante à lire qu’un excellent roman ou qu’une BD, qu’il y a même des poèmes tout-à-fait accessibles aux petits ? Savez-vous que la poésie se lit partout et que souvent, elle parle aussi du monde, de sa réalité, de ses combats, de son actualité, qu’elle sait aussi faire voyager, rire, aimer, pleurer, qu’elle sait nous rendre plus riche de mots, plus forts de pensées, plus armés pour vivre ? Et comme il ne suffit pas de râler dans le vide ou du moins dans l’espace d’un Internet et des réseaux sociaux qui ne font pas toujours beaucoup mieux que ce que je viens de dénoncer ou qui sont souvent le lieu d’entre-soi amical et chaleureux, mais insuffisant et peu propice à ouvrir la poésie à un vrai public, à toute la société, je donne ici dix titres de recueils de façon totalement subjective. Et comme il ne manquera pas d’amis pour remarquer telle absence, j’invite tous ceux qui me lisent à relayer cet article auprès de cinq poètes au moins et je propose à chacun de faire sa propre liste de dix titres minimum. Peut-être arrivera-t-on ainsi à constituer une bibliothèque estivale – et pas seulement ! – de poésie qui rivalise de modernité, d’actualité, de bonheur, de souffle, de provocation avec les autres parts de la littérature ?
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Thierry Metz | Le grainetier | Pierre Mainard, 2019
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Marie-Claire Bancquart | Toute minute est première | Le Castor Astral, 2019
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Cécile A. Holdban | Toucher terre | Arfuyen, 2018
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Isabelle Lévesque | Chemin des centaurées | L’herbe qui tremble, 2019
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Stéphane Bataillon | Contre la nuit, © Bruno Doucey, 2019
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Souad Labbize | Je franchis les barbelés | Bruno Doucey, 2019
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Antoine Emaz | Caisse claire | Points, 2007
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Cécile Ouhmani | Temps solaire | Voix d’encre, 2009
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Erri de Luca | Aller simple | Gallimard, 2012
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Bernard Mazo | Comme une promesse d’éternité | Jacques André, 2018
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André Markowicz | Le soleil d’Alexandre | Actes Sud – Babel, 2011
Et pour jouer avec les mots, pour le plaisir ludique :
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Alain Roussel | La vie secrète des mots et des choses | Maurice Nadeau, 2019
On l’aura compris, cette liste n’est pas exclusive, je pourrais y ajouter deux ou trois fois plus de titres sans difficulté, mais c’est à vous de jouer.
Bel été, bel avenir en poésie !
PPierre Kobel
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