On récuse la remise en cause qui est faite de l'école et on néglige celle qui devrait être faite.
Dans l'étude de Georges Fotinos publiée par Le Parisien le 29 avril 2014, au-delà des résultats statistiques de son enquête quant à la violence à l'école, il met en exergue la distorsion grandissante entre l'école et les parents. L'école n'est plus un creuset de la société. L'individualisme grandissant transforme les enseignants en prestataires de service dont les parents veulent user au seul profit de leur enfant. Dont acte.
Si l'on admet que l'école n'est que le reflet de la société, cela relève d'une logique inéluctable. Mais c'est bien là le hiatus entre ce qu'est l'école et ce qu'elle devrait être. Elle n'est plus qu'un vaisseau brinquebalant au gré des flots mouvants de la société, sous la gouverne de pouvoirs successifs, incapables de projeter sa route, et dont les tenants immédiats que sont les enseignants n'ont plus de statut reconnu. Mal ou pas formés, à la remorque des changements quand ils devraient en être les moteurs, corsetés dans des réactions grégaires à tout ce qui touche à leur condition, ils se murent pour beaucoup dans le grincheux des « salles des maîtres » et s'exposent à être la caricature de fonctionnaires privilégiés quand ils devraient être les acteurs premiers de la remise en cause nécessaire.
Depuis des années, l'évolution de la société conduit les enseignants à être de moins en moins des passeurs de connaissances. Les enfants apprennent ailleurs. Ils grandissent dans une société marchande qui n'a d'intérêt qu'à leur vendre de la culture, formatée, uniformisée, mais également parcellisée et dispersée. Face à cela, les enseignants devraient être les fers de lance d'une organisation de la connaissance, de la construction de véritables fondations de la culture quand ils se cantonnent à faire un constat d'impuissance malgré toute leur conscience professionnelle, à se fermer le plus souvent aux parents au lieu d'ouvrir les portes des classes et d'expliquer ce qu'ils font au quotidien, de mêler du festif au répétitif des jours.
Une jeune collègue qui débute dans le métier me dit que ce qui lui plaît là, est qu'il y a toujours à réfléchir. J'ai plus que plaisir à entendre cela. Je regarde les enfants jouer dans la cour, les « enfants-rois » si décriés, je pense à leur avenir, je me demande quels adultes, ils seront…
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