Le buraliste à qui je demande s'il a ce nouvel hebdomadaire, Le 1, me le tend en me disant d'un air mi désabusé, mi moqueur « qu'à ce prix là, ça ne marchera pas. » Comme si les gens n'en auront pas pour leur argent. 2,80 € pour un journal qui se déplie en multiformats, qui ne contient aucune pub et qui ne veut traiter qu'un seul sujet par des approches différentes dans chaque numéro, c'est le signe que ces créateurs veulent donner à réfléchir. On ne s'en plaindra pas quand l'information ne devient qu'une course effrénée après les scoops, le sensationnel, quand elle mêle sans hiérarchie de valeurs, le futile et l'important, quand elle arrive à flot continu dans notre quotidien.
Mais, plus que par son coût, Le 1 trouvera-t-il son lectorat s'il ne doit prêcher que des convaincus ? Une telle entreprise et sympathique. Éric Fottorino et Laurent Greilsamer sont des professionnels convaincants et des hommes de débats, des passeurs d'idées dont on voudrait qu'ils réussissent. La vraie réussite serait qu'ils touchent un public qui n'est pas le leur a priori. Est-ce possible quand la lenteur n'est plus de ce monde ?
Ce qui me rend cette nouvelle parution, particulièrement proche, c'est l'introduction qui y est faite, de la poésie. La poésie que d'aucuns veulent tenir à l'écart de la société, dans une bulle formaliste ou d'un esthétisme éthéré, quand sa place est au cœur du monde, quand sa parole lui donne une respiration rare et osée.
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