Gaël, un des rédacteurs du site FrAndroïd pose la question de savoir si nous sommes blasés par les nouvelles technologies. Selon lui, si c’est le cas, cela est dû à l’accélération foudroyante des progrès de ces nouvelles technologies, progrès tant matériels que logiciels qui mettent à notre disposition des outils que seule la science-fiction aurait permis d’envisager il y a un demi-siècle. Ces outils sont devenus si quotidiens, particulièrement pour les générations nées avec l’informatique grand public, que ce progrès ne se mesure plus et que seule importe l’exigence de les posséder dès leur mise sur le marché.
J’apprécie qu’une personne évoluant dans le milieu le plus branché des nouvelles technologies, dont le métier consiste à tester les nouveautés et à les évoluer et les commenter, dépasse le seul champ de cette observation pour tenter d’analyser les répercussions qu’elles ont, au-delà de l’addiction technologique, dans notre comportement et notre mentalité.
J’appartiens à une génération plus ancienne, je suis né au début des années 50 et je n’ai découvert l’informatique qu’en 1990 à près de 40 ans. Mon éducation, mes écoles, ma culture et mon intellect se sont faits sans elle. Ce sont les maîtres et les livres qui m’ont fait. Pour moi, un ordinateur, Internet ne sont et ne seront jamais que des outils. Outils bluffants, extraordinaires qui nous projettent parfois dans des dimensions spatiales, temporelles, intellectuelles, esthétiques qui vont au-delà de nous-mêmes, mais outils seulement quand même je les utilise quotidiennement et longuement.
Et je ne peux m’empêcher d’en arriver à la question que j’abordais partiellement dans un article précédent : plus que de mesurer la place matérielle et fonctionnelle que prennent les nouvelles technologies dans notre existence, ne convient-il pas de se demander quelles modifications de notre appréhension du monde, elles induisent, quel mental elles construisent, en distorsion avec celui des générations plus anciennes jusqu’à conduire à de profondes transformations du comportement intellectuel et culturel, mais également de l’attitude citoyenne et ce qu’elle implique de responsabilité individuelle (écouter à ce propos sur France-Inter, l’émission 3D du dimanche 22 juin 2014), mais aussi du développement de l’affect dans ses dimensions relationnelles et amoureuses.
Pour résumer le propos, l’homme de demain sera-t-il encore le produit d’une lente maturation, de la transmission de valeurs éprouvées et évoluant à sa mesure ou le résultat d’artefacts technologiques sans chair et sans esprit ?
Mon opinion se devine dans la question telle que je la pose. Et je préférerai toujours le poète, au risque de paraître très décalé, au robot prototype d’une modernité aveugle et uniforme.
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