Les circonstances de ma vie me conduisent à utiliser les transports en commun, RER et métro, aux heures de pointe, ce que je n’avais plus fait depuis des années. En toute liberté et sans contraintes certes, mais pas sans agacement quand la personne se dilue dans une foule anonyme, sans regard et sans caractère, qui avance par habitude. Aucun mépris de ma part à l’encontre de ceux qui sont là par obligation, pour gagner leur vie. De la révolte cependant contre le transport de masse qui transforme les individus en un troupeau moutonnier et indifférent, les yeux vrillés aux écrans de leur téléphone, l’esprit isolé à l’écoute d’une musique.
À l’heure où il convient de dénoncer un individualisme grandissant qui nous éloigne de valeurs collectives, il s’agit paradoxalement de dénoncer cette situation de transports communs qui rabaissent notre humanité. Parfois il y a le plaisir de considérer un lecteur, une lectrice et la curiosité de découvrir le titre de son livre, parfois un échange de sourires complices réconforte. Le plus souvent, on n’est plus qu’une ombre dans un peuple souterrain et mécanique. Il suffit de peu pour que ce peuple retrouve son humanité. Négative quand un incident bloque le flot et que l’énervement surgit vite, la colère des mots et des gestes. Positive quand l’individu n’est plus seul et que la simple compagnie d’un(e) ami(e), d’un(e) collègue ranime les sourires et la parole, les échanges. Quelle initiative permettrait de développer cela, de redonner du cœur et de l’esprit à nos chemins quotidiens ? Quelle malveillance gestionnaire et marchande a choisi de maintenir la foule des travailleurs dans l’ombre et l’indifférence égarée ?
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