Dans un récent billet sur France Inter, François Morel rappelait cette anecdote saisissante pour ceux qui mettent la culture à l’avant des priorités. Quand on suggéra à Winston Churchill de couper dans le budget de la culture pour appuyer l’effort de guerre en 1940, il répondit : " Mais alors pourquoi nous battons-nous ? "
Les politiques exercent des responsabilités respectables qui les obligent à prendre des décisions difficiles. S’ils pensent que l’intelligence et la sensibilité participent d’une compréhension mutuelle, que la parole poétique a son mot à dire dans le concert des difficultés sociales et économiques pour aider à vivre, à comprendre, à construire une pensée multiple, métissée et libre, ils doivent protéger les lieux de culture, les institutions et les manifestations culturelles. Je relayais il y a peu dans La Pierre et le Sel, le message de Roland Nadaus contre la fermeture de la Maison de la Poésie de Saint-Quentin en Yvelines.
Fermer ce lieu emblématique, c’est céder aux sirènes revanchardes et manichéennes de la politique, c’est considérer la culture comme une part moindre de la gestion de la cité. Nous sommes nombreux à avoir fait dans ce lieu des découvertes de la plus haute qualité. Grâce au travail de son équipe la poésie est allée à la rencontre, non seulement d’un public adulte, mais aussi, et c’est le plus nécessaire, d’un public jeune et scolaire.
Dans le même temps, le Marché de la Poésie dont la 33ème édition aura lieu du 10 au 14 juin 2015 place Saint-Sulpice à Paris est menacé quant à son avenir et, si maladroites que soient les tentatives de son équipe pour lui assurer une pérennité, sa disparition signifierait une atteinte très grave de la vie poétique dans son ensemble puisqu’il réunit un nombre très important de ses acteurs qui sont le plus souvent très dispersés dans l’espace. C’est là comme dans les festivals qui subsistent, que se nouent des contacts fructueux, que s’ébauchent des projets qui mènent à des réalisations concrètes de spectacles et d’éditions.
La poésie est une voie pour dire l’espérance, l’avenir, l’ouverture au monde, la rencontre de l’autre. Elle est plus que jamais nécessaire pour tous dans ce temps de récession économique, de montée des extrêmes et du retour des ostracismes. Préservons-la pour le bien de tous !
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