Il est commun d’entendre dire que la musique conserve. Plus encore, à l’écoute des derniers opus d’Ahmad Jamal, 89 ans, et d’Abdullah Ibrahim, bientôt 85 ans, je suis tenté d’écrire que la musique se bonifie avec l’âge. Quel bonheur que d’entendre en solo ces deux artistes délivrer de leur piano des œuvres qui, sans rien renier de ce qui fut depuis toujours leurs combats, atteignent à une sérénité apaisante !
Avec Ballades, Ahmad Jamal nous emmène dans un univers de fines ciselures pianistiques et de méditation. On imagine des chemins, des lieux perdus, une solitude pensive, on se prend à rêver à des envols. De même que pour une promenade littéraire ou picturale, ce n’est pas à une progression en droite ligne que nous invite l’artiste et il y a dans ce qu’il appelle lui-même de la musique classique contemporaine, des échos de certaines œuvres d’un Debussy. Certes le jazz reste présent, la rythmique des pièces s’y réfère, mais le jeu de Jamal va aujourd’hui bien au-delà de cette seule voie. On sait à l’écouter qu’il est entré dans une période d’intense paix.
Abdullah Ibrahim nous offre avec Dream Time une suite de mélodies chargées de profonde humanité. Enregistrées en Bavière, où il vit désormais, elles forment le portrait d’un homme qui n’a cessé durant son existence de mettre sa musique en accord avec le combat contre l’Apartheid dans son Afrique du Sud natale. Avec cet opus, il écrit les pages d’une quête spirituelle dont on voudrait qu’elle soit plus largement partagée.
Encore une fois, ces œuvres donnent à vivre, à méditer sur les brutalités du monde, sur la nécessité aller à l’avant de l’âge pour préserver nos existences et celles de ceux qui nous survivront.
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