La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
Rien n’est jamais perdu
Rien n’est jamais perdu tout entier dans ma vie,
aucun été ne sombre à jamais dans la nuit :
mon cœur sait rappeler tant d’oiseaux par leur nom –
mes vergers ne sont pas livrés à l’abandon.
Dans le bois automnal où brûle un mur de feuilles
je suis bu par l’œil noir et rond de l’écureuil.
Opticien de l’amour, géomètre des larmes,
quel monde naît de moi dans son berceau de cils ?
La pierre est l’œil fermé de la terre immobile.
Dans la prison nocturne où son cristal s’accroît
l’éclair de mon regard la revêt de ses armes.
À chaque essor du jour mes paupières s’envolent,
les grives font leur nid dans mes moindres paroles,
une étoile palpite au bout de mes dix doigts.
In L’homme naît grâce au cri - Poèmes choisis (1950-2013), © Points, 2013
Bibliographie partielle
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Claude Vigée, Yvon Le Men, Toute vie finit dans la nuit, © Parole et Silence, 2007
Internet
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La Pierre et le Sel : Un jour, un texte : Claude Vigée | Leçon de la Shoah
Contribution de PPierre Kobel
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