Pour faire suite à la recension du 06/09 consacrée au recueil de G. Althen intitulé La Belle Mendiante et qui regroupe ses premiers textes de jeunesse, voici un livre magnifique de sa maturité, publié par les éditions Voix d’Encre en 2006.
G. Althen a trouvé sa voix et son rythme personnel d’écriture, dans ces poèmes, écrits en vers libres, pour la plupart de bonne longueur, (sauf quelques textes très courts ou de prose poétique) qui, de prime abord, pourraient décourager la lecture, mais qui, étonnamment, vous prennent à bras le corps et vous tiennent en haleine et en suspension, sans lasser.
Il s’agit d’une poésie de haute altitude, où sont abordés les thèmes éternels que sont la présence mystérieuse de l’homme et sa finalité dans l’univers, celle du bien et du mal dans le monde, et de l’impossibilité de l’homme à connaître ses fins dernières., tout cela sur un fond de références chrétiennes, avec de temps à autre, un arrière-goût de bouddhisme zen, « Dans le tout il n’y a rien/Dans le rien il y a tout » XI
G. Althen est, en soi, et dans son écriture poétique, une interrogation sur ce qu’elle est, et sur la cause profonde de sa présence au monde, et il y a, bien sûr, dans cette interrogation, une réflexion philosophique qui, comme dans un miroir, nous pose question.
L’ouvrage est, par ailleurs, rehaussé de dessins aquarellés en gris bleutés et au graphisme à la limite de l’abstrait, de Pierre Mézin qui le complètent de façon tout à fait agréable.
LE SOIR A ROUVERT LE SILENCE
(…/… )
Que serai-je moi-même à côté de moi-même ?
Si je me brise est-ce bien moi qui pleurerai ?
Peut-être je courrai dans ma chambre rappeler ma pensée
Ou jouer comme avant au miracle
(…/…)
****
ACQUIESCEMENT DE FEVRIER A L’ELEGIE
(…/…)
L’amour ne s’en va pas puisqu’il est à demeure
Il adopte le temps et le prend pour son fils
Il se fait son égal il le prend pour égal
Humble assez pour trouver cette écharpe assez grande
Et rétrécir son rêve à cela seul qui est
Comme un oiseau sur le ventre du ciel
Le cœur cherchait la courbe de sa voûte
(…/…)
****
L'ÎLE
Un corps sans mots que la musique mord
Un poids de ciel intact au pied de la montagne
Des hommes et des femmes
Avec la nudité intérieure à leur tête
Bien à leur place dans la sieste
Et la blancheur des chambres
(…/…)
****
L’IMPRENABLE
VIII
Si tu as faim et que le jour ne veuille pas répondre
N’attends pas n’attends pas
Le désir est partage le désir est un entier
Et le même horizon réunit les deux bijoux
Braise ou cendre
Juste trempe
Demain vaque déjà
En attente comme une œuvre à la tienne
Pudeur sur l’écho de la vasque
Ou de deux yeux fontaine instrumentale
Coulera l’eau qui passe
On ne sait d’où à où
Internet
- Sur Poezibao, dans l'anthologie permanente, une note du 09 novembre 2006, et deux extraits de Cœur Fondateur
- Une note de lecture de septembre 2007, très complète et documentée de Patricia Larenco à propos de ce recueil.
Contribution de Jean Gédéon
Commentaires