Trois des sculptures de plein air, photographiées, en bord de Marne à Chessy en Brie, en Seine et Marne, sous la lumière de septembre appelaient un poème. Jean-Yves Masson, poète né en 1962 en Lorraine, traducteur et enseignant en littérature comparée à l'université Paris IV, auteur de deux recueils Onzains de la nuit et du désir en 1998 et Neuvains du sommeil et de la sagesse en 2007 parus chez Cheyne en fournit brillamment la matière.
Dormir est un jardin de vent ce soir, une arche d'air
sur l'océan de mes pensées qui jusqu'alors
avaient fui le sommeil et son trône de sable.
Dormir est un pays où mon ami m'attend
où parlent par sa voix toutes les sources d'aube
et les chagrins de l'enfance perdue.
Comble-moi de tes dons terribles, dieu des fables
toujours recommencé, fais qu'une fois encore je retourne
au cœur secret de la métamorphose.
In Neuvains du sommeil et de la sagesse, © Cheyne p.32
Encore consumé par un feu invisible
tu te lèves une fois, corps ardent, corps mortel,
et tu réponds au même appel de la présence,
portant vers l'avenir ta charge de conscience
et ton poids de sommeil hanté de souvenirs
terrestres. Or, gardienne du temple,
musique, est-il possible qu'un dieu vienne franchir
le seuil de l'insensé ?
Et vous
danseuses et danseurs, ô gestes d'air et d'ombre,
éveilleurs et veilleurs improbables d'aurore.
In Onzains de la nuit et du désir, © Cheyne p.52
L'ange venait encore sur le seuil
et sans entrer tenait dans ses mains la lumière,
une lampe de faible éclat.
Et il disait : « Voici la lumière du soir,
tandis que des pays inanimés s'éveillent,
salue ce peu de jour que je tiens dans mes mains ».
Mais quand il eut parlé et que la lumière fut éteinte,
je vis que ses mains étaient lumineuses,
son visage baigné de larmes rayonnait.
Et lui, me désignant la nuit pour mon domaine,
disait plus bas : « Toute aube a dans ses mains le soir ».
in Onzains de la nuit et du désir © Cheyne p.69
Photos Roselyne Fritel et PPierre Kobel
Internet
Voir en complément d'autres photos et informations sur le site de Balades en Brie et sur le site internet du sculpteur Jacques Servières.
Contribution de Roselyne Fritel
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