LES CHEVALIERS DU CIEL
L’avenir appartient aux mangeurs de nuages
car ils sont porteurs de ciel.
Leur face grêlée d’étoiles ressemble aux phares
intermittents et leurs petites lumières désinvoltes
illuminent les nuits désemparées.
D’un insatiable appétit, ils nettoient
sans jamais se lasser la grande surface
du vide.
On dit qu’ils sont les fils bien-aimés de la pleine lune
qui leur ouvre avec tendresse ses bras blonds.
Jean Gédéon
Depuis toujours Jean Gédéon a suscité l'amitié autour de lui. On trouvera ci-dessous plusieurs témoignages de cet attachement à sa personne et à son œuvre de poète.
Bien cher Jean, à mon tour de participer à cet hommage qui t'est rendu et de te redire mon estime et ma sincère amitié pour le poète modeste et talentueux et pour l'ami fidèle que tu es devenu, au fil de toutes ces années.
Tu as atterri sur les bancs poétiques de l'Université pour Tous, à Saint Maur des Fossés, à l'automne 1992, alors que j'en animais l'atelier d'écriture, en liaison avec un hôpital de jour, depuis plusieurs années, tu y as pris une place importante de conseiller, d'ami et de poète, jusqu'à notre départ commun, en juin 1998.
Comment jeune retraité de la BNP et poète, as-tu eu vent de ce qui se vivait dans notre groupe de passionnés de poésie, de tous âges et de toute origine, je n'ai jamais pensé à te le demander ?
En tout cas, très vite tu es devenu, avec Jacques Décréau, l'irremplaçable « second apôtre ».
Quelles belles années de partage, de découvertes poétiques et d'amitié nous devons à cette franche et généreuse collaboration!
Sur les planches de la grande salle du théâtre de Saint Maur des Fossés, tu montas avec nous pour nos récitals de fin d'année; tu fus de ceux qui participèrent au spectacle « Les Guinguettes », écrit et joué en collaboration avec les ateliers de chant et de théâtre de notre association.
Tu fus également un aficionado des ateliers d'écriture menés par mes soins, à partir d'une sensation, à mon domicile.
Ensemble nous participâmes aux « samedis poétiques » de la M.J.C de Nogent, fréquentés aussi par Ginevra et le jeune Emmanuel Berland. Françoise t'y accompagnait régulièrement.
Tu fus mon inégalable partenaire lors des deux représentations, à Chatou et au Vésinet, d'un récital poétique présenté par l'association IRIS. Seul homme du groupe, tu y as laissé un excellent souvenir pour ta qualité de diction, ta convivialité, ton ouverture d'esprit, ton charme et ta simplicité. Toutes sont devenues tes fans en poésie. Je n'en dirai pas davantage, tu rougirais!
Je t'ai aussi apprécié et applaudi en photographe attentif et original, et en globe-trotteur autour du monde, avec Françoise.
Après mon départ de l'Université pour Tous, tu intervins tout particulièrement dans ma vie poétique par tes conseils, tes encouragements, tes recommandations auprès de Marcel Chinonis et m'offris ton temps et ton savoir-faire pour la réalisation sur ordinateur de la maquette de mon recueil, « Paroles-Phares », paru chez Clapàs, en 2003.
Maintes fois, tu me convias à envoyer mes poèmes à des revues, et à rejoindre Le Club Poésie de Champigny et les tribunes d'Hélices Poésie, dont je suis désormais .
Je terminerai avec ce premier poème de toi, paru dans le recueil mensuel de l'Université pour Tous, le 2 novembre 1992.
Les chevaux du ciel
Quand les lumières s'allument
près de la nuit tombée
dans les verts pâturages
du ciel pommelé
parfois de blancs chevaux
de papier et de soie
aux yeux d'amande douce
et en sabots de bois
danseurs empalés
bondissants éternels
tournent tournent sans fin
au son de ritournelles
pour de petits enfants
rêveurs émerveillés.
Que le ciel nous garde amis, éternels bondissants, rêveurs émerveillés, sur ce manège qui nous entraîne, vers les pâturages du soir !
Roselyne Fritel
Un poète
Il entre…
Drapé de silence bruissant
Les mots s’échappent
Galets durs martelés
Feu et glace mêlés
Il voyage
cœur en sentinelle
Entre ombres sulfureuses
Et déchirures d’éternité
Un regard fuse
Zèbre l’espace…
Hélène Millien
Pour Jean Gédéon, en témoignage d’amitié
Sur les chemins de la poésie, il y a plus de vingt ans déjà, j’ai eu la chance de rencontrer notre ami Jean Gédéon. En lui j’ai découvert un homme de cœur, généreux et plein d’attention aux autres. Avec beaucoup d’esprit, maniant volontiers l’ironie, mais sans jamais être blessant. Et lorsqu’il préfère garder le silence, son regard malicieux montre bien qu’il n’en pense pas moins. Cultivé, discret et d’une grande courtoisie, il représente à mes yeux l’idéal du parfait honnête homme, tel qu’on le définissait autrefois. Autant de qualités propres à rendre fort agréable sa compagnie.
Sa poésie est le reflet de sa personnalité. Une écriture d’une grande exigence, épurée et concise, souvent proche du haïku. Des images d’une grande force, comme cette fleur au fusil en pétales de chair. Une tension permanente entre la noirceur du monde et la beauté des choses, se conjuguant dans un équilibre fragile à travers un regard sans illusions. Si la surface est paisible, on découvre dans les profondeurs nombre de paysages tourmentés.
Son regard est aussi celui du photographe, dont les cadrages se plaisent à donner aux objets une seconde vie, en les faisant entrer dans une dimension nouvelle. Avec ses Poésimages, où photos et poèmes se répondent comme en écho, Jean Gédéon nous offre, pour notre plus grand plaisir, la quintessence de son talent artistique.
Jacques Décréau
On trouvera par ailleurs un article de Éric Dubois sur Jean Gédéon, toujours en ligne.
PPierre Kobel
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