Les violons pleurent avec les gitans qui partent pour l’Andalousie
Les violons pleurent les Arabes qui sortent de l’Andalousie
Les violons pleurent un temps perdu qui ne reviendra pas
Les violons pleurent une patrie perdue qui peut-être reviendra
Les violons enflamment les forêts de cette obscurité lointaine, si lointaine
Les violons ensanglantent les couteaux et hument mon sang dans ma veine jugulaire
Les violons pleurent avec les gitans qui partent pour l’Andalousie
Les violons pleurent les Arabes qui sortent de l’Andalousie
Les violons, chevaux sur une corde de mirage et une eau qui geint,
Les violons, chant de lilas sauvages qui s’éloigne et revient
Les violons, monstre que torture l’ongle d’une femme qui l’effleure et s’éloigne
Les violons, armée qui édifie un cimetière de marbre et de nahawand
Les violons, anarchie de cœurs qu’affole le vent dans les pas de la danseuse
Les violons, essaims d’oiseaux qui s’échappent de la bannière inachevée
Les violons, plainte de la soie ridée dans la nuit de l’amante
Les violons, voix du vin lointain sur un désir révolu
Les violons me suivent, ici et là-bas, pour se venger de moi
Les violons me recherchent pour m’occire, où qu’ils me trouvent
Les violons pleurent les Arabes qui sortent de l’Andalousie
Les violons pleurent avec les gitans qui partent pour l’Andalousie
in Au dernier soir sur cette terre, traduction par Elias Sanbar, © Actes Sud, 1994, p.101
Internet
- Un article sur le site consacré à Mahmoud Darwich
Proposition de PPierre Kobel
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