Publiée en 2003 par Obsidiane, cette anthologie réunit les poèmes de G. Noiret écrits entre 1985 et 2002.
Celui- ci se définit volontiers comme un autodidacte. Il est surtout un homme de bonne volonté, qui, après des études un peu tronquées et complétées par la suite, a commencé par travailler en usine, est devenu animateur social, puis a intégré en 1978 les revues Esprit et La Quinzaine littéraire. Il a quitté cette revue en 1988, pour mener de front l’animation sociale en banlieue et son activité littéraire.
Il est à la fois romancier, poète, essayiste, lecteur de textes à la scène et à la radio, directeur de collections poétiques et il participe activement à différentes manifestations publiques.
Sa poésie, parfaitement claire, musicale et limpide croque l’absurde dont se tissent parfois nos vies plus ou moins dérisoires et butant contre la porte du temps.
Il y a, en outre, dans certains de ses poèmes comme un air de Jean Follain, avec cette façon unique qu’ils ont l’un et l’autre de pointer le quotidien prosaïque pour le faire déboucher sur l’universel.
À remarquer, et qui est exceptionnel, la table des matières, où l’auteur a noté en regard de certains titres le nom des auteurs qui ont servi de déclencheur à son inspiration : Valéry, de Vinci, Reverdy, Pérec, etc.…
Gérard Noiret est un poète pour tous les jours, et qui écrit dans une langue accessible à tous ceux qui s’intéressent à l’humain.
LES AMANTS
Chaque matin, le nu de 7H01 traverse le couloir.
Lui, de la cuisine, tourne les yeux
afin de saisir au vol cet éclair.
Le prodige accompli, les empreintes
s’évaporant sur le carrelage, il boit son café
et n’a aucun mal
à imaginer Sisyphe heureux.
p.9
***
QUARTIER D’AFFAIRES
De l’enfer, le poulailler
tenait sa puanteur et la haine des becs
lorsque, tombé du nichoir, un pigeonneau
subissait la curée. Parfois,
le gamin qui surprenait les poules ébouriffées,
doit s’arracher d’un bloc à la vision,
afin que finisse au trentième étage
le tour de table où chacun
en son âme et conscience participe au scrutin.
p.43
***
ZONE
Quand elle se réveille, les entrepôts
de brique et la haute cheminée,
comme la douleur à son doigt, ont disparu.
Mais il n’y a pas eu de baiser.
Sur l’île, au milieu du fleuve,
s’étend un golfe
où les mouettes sont des feuilles
arrachées vives d’une machine à écrire.
p.57
***
SOUS LE PONT
Quoique la Grande Loterie
vous habitue à la soumission,
il doit en convenir : il espérait mieux.
Il espérait toucher un corps
plus ambitieux, aux bras capables
de joindre l’utile à l’agréable,
aux lèvres non bégayantes.
Il espérait au moins bénéficier
d’un minimum de chaleur autour de l’os !
Or il habite une carcasse
de Christ rompu, avec des gestes de grabataire,
des poumons qu’irritent les gaz
d’embouteillage,
à 6 heures, au sortir du carton.
p.62
Bibliographie
Livres
- Le pain aux alouettes (Poèmes - Temps Actuels 1982)
- Chatila (Poème - Actes Sud 1986)
- Le commun des mortels (Poèmes - Actes Sud 1990)
- Chroniques d’inquiétude (Roman - Actes Sud 1994)
- Tags (Poème - Maurice Nadeau 1994)
- Toutes voix confondues (Poèmes- Maurice Nadeau 1998)
- Polyptyque de la dame à la glycine (Roman/poème Actes sud 2000)
- Pris dans les choses (Poèmes - Obsidiane 2003)
- Ouvrier le chant (Essai - JM Place 2004)
- Maélo (poème pour l’enfance - L’idée bleue 2006)
- Atlantides (heroïc poésie), BIPVAL Action Poétique, éditions, 2008
Plusieurs de ses textes ont été mis en scène dans des théâtre de la région parisienne.
Nombreuses lectures en France et à l’étranger.Ses poèmes ont paru dans une quarantaine de revues (NRF, Poésie, Action Poétique, Digraphe, Nouveau Recueil....) et divers journaux (Le Monde, l’Humanité, Le Figaro).
Il figure dans une vingtaine d’anthologies dont Orphée Studio - Poésie d’aujourd’hui à voix haute, Poésie/Gallimard. Il a reçu le Prix Tristan Tzara et le Prix des Découvreurs.
Certains de ses poèmes ont été traduits dans différents pays (Afrique du Sud, Allemagne, Angleterre, Espagne, Indes, Italie, Maroc, Roumanie).
Internet
Une fiche sur le site de la maison des écrivains et de la littérature
Un entretien sur le site Incertain Regard de Hervé Martin
Contribution de Jean Gédéon
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