Peintre et sculpteur catalan de renommée internationale, Antoni Tàpiès vient de décéder, le 6 février 2012, à l’âge de quatre-vingt-huit ans.
Ses toiles, à l’inspiration très personnelle, mélangent, dans des tonalités grises et ocres, la terre, la suie, le sable, les grattages, les collages, les déchirures, et forment, comme il les qualifiait lui-même, des « champs de batailles où les blessures se multiplient à l'infini. »
Cet artiste était aussi un poète à sa manière, et en hommage, voici deux textes de Marie-Claire Bancquart, extraits de son recueil Rituel d’emportement publié, p. 27 et 52 chez Obsidiane en 2002.
À la présence du vent
Se reconnaissait
La part d’être qui manque aux choses.
En habit suranné
Se lamentait le goût d’aventure.
Voyageur préparant l’exil du passage
Se dressait dans l’écorce du jour
Un grand arbre gêné par l’étroitesse de son armure
Jusqu’aux épaules
Mais errant de toutes ses feuilles
S’élargissait par ses oiseaux
Vers le futur ciel de sa mort.
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Un blason de corps masculin
Si j’étais peintre
Ton dedans
Je me l’étalerais sur un espace de chaînes et de trame
Poète
J’ai
Mon ticket de grelottement
Entre une voix de terre et autre part
Sur la lisière
J’essaie
C’est toujours
Comme une inscription comblée par l’écorce.
Internet
- L'article Wikipedia
- La fondation Antoni Tàpies (en espagnol)
- Des œuvres sur le site de la galerie Lelong
- Voir Tapies sur le site de l'INA
Contribution de Jean Gédéon
Tàpies n'était pour moi qu'un nom, une ou deux toiles rangées dans ma mémoire, il prend chair grâce à votre présentation et aux images de l'INA. J'emporte en "talisman" ces énergies qui nous guérissent de nos maux, et cette phrase qu'il prononce avec humilité:"je travaille comme un poète, en réalité, c'est à dire que je m'exprime à travers ma sensibilité générale". Puissions-nous, à l'image de Marie-Claire Bancquart, écrire une poésie d'une "sensibilité " si profonde qu'elle puisse "enluminer" la peinture autant que la sculpture.R.F
Rédigé par : Roselyne Fritel | 16 février 2012 à 10:03