J'ai assisté mercredi soir 14 mars à une rencontre du Printemps des poètes Le Printemps arabe : qu’en disent les poètes ? avec les poètes tunisiens Moncef Ouhaibi et Tahar Bekri, la poétesse syrienne Salwa Neimi, le poète libanais Issa Makhlouf, et le poète français Jacques Darras.
Débat fort intéressant sur la place que devraient tenir les poètes dans des événements de l'importance des révolutions arabes, sur le silence assourdissant de certains, sur l'incapacité à s'exprimer avec les mots pour d'autres, sur l'idée de la modestie du poids des mots face au tragique du réel et la méfiance à garder quant aux espoirs trop vite déçus. Mais la convergence des intervenants pour dire que la poésie doit accompagner ces espoirs et donner des respirations quand le poids des événements se fait oppressant.
Durant toute son existence de poète et de journaliste, le poète André Laude n'a cessé de dire avec âpreté et lyrisme son empathie avec les luttes du monde et la cause des hommes.
si j’écris c’est pour que ma voix vous parvienne
voix de chaux et sang voix d’ailes et de fureurs
goutte de soleil ou d’ombre dans laquelle palpitent nos sentiments
si j’écris c’est pour que ma voix vous arrache
au grabat des solitaires, aux cauchemars des murs
aux durs travaux des mains nageant dans la lumière jaune du désespoir
si j’écris c’est pour que ma voix où roulent souvent des torrents de blessures
s’enracine dans vos paumes vivantes, couvre les poitrines d’une fraîcheur de jardin
balaie dans les villes les fantômes sans progéniture
si j’écris c’est pour que ma voix d’un bond d’amour
atteigne les visages détruits par la longue peine le sel de la fatigue
c’est pour mieux frapper l’ennemi qui a plusieurs noms.
In Œuvre poétique, Vers le matin des cerises, p.267 – © La Différence, 2008
Internet
- Sur La Pierre et le Sel, un article consacré à l'Association des Amis d'André Laude
Contribution de PPierre Kobel
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