La ruse de la mort est de nous faire croire qu’elle est devant nous, qu’elle ouvre et déblaie le chemin. Alors qu’elle est derrière nous, qu’elle nous talonne et que, distraitement, elle nous fait un enfant dans le dos.
Il y a de la soif dans l’eau.
La poésie, ce très petit poids par quoi une balance juste est témoignée, une balance fausse est rajustée.
« Les bras m’en tombent. » Métier d’avenir : balayeur de bras.
Un homme « de peu ». Ce peu fait l’homme.
Le poète a des mains gantées, mais il va pieds nus.
Il faut écrire ses vides contre ses pleins.
Poésie : l’inaperçu devant l’invisible.
L’âme jamais ne rit.
L’homme descend du sable. Le sable descend de l’homme.
Pour échapper au temps, l’homme s’entoure d’horloges.
Assassiner en silence. L’époque, quoi qu’il en semble est silencieuse.
Cette chose compliquée dans le cœur, c’est la rose. Cette chose simple dans l’âme, c’est le parfum de la rose.
Poésie : ce laps de temps transparent entre la réfraction du sable et le tympan du vent.
Douanier et passeur : ambigu le poète, à cette frontière que sans cesse il garde et viole.
Chacun, de sa larme secrète, arrose une fleur connue de lui seul.
Au commencement : le verbe. À l'achèvement : le silence. Mais le verbe, toujours recommencé, fait du silence un éternel inaccompli.
Dans écrire, il y a crier et il y a rire.
Nous marchons d'un côté du ravin. De l'autre côté, d'autres marcheurs nous font signe.
Seul compte ce qui ne compte pas. Principaux perdants : les comptables.
Au soleil de la mort, notre veine jugulaire bat comme un lézard.
L'eau du robinet redeviendra nuage. Échec aux réalistes.
Mettre un point à la fin d'une phrase évite l'inondation.
Les pays appartiennent aux forts. Le monde appartient aux faibles.
Chers organes ! Voici qu'avec le temps vous me donnez l'heure. Même si votre montre avance un peu.
Ce sont ceux qui ne durent pas qui assurent la durée de ceux qui durent.
On appelle culture ce qui tire le meilleur parti du désastre. On appelle civilisation une halte entre deux désastres.
Vieillir c'est aller vers la faim.
Les hommes que j'aime enferment une rose. Beaucoup ne le savent pas. Ce sont ceux que je préfère.
La pensée expatrie. La poésie rapatrie. L'exil tient la douane.
J'appelle âme ce qui ne cicatrice pas.
L'amour, c'est mille portes ouvertes. Le désamour, une seule porte. Fermée.
La mort : un oreiller. Et pas d'oreilles.
Au bout du non-pensé, il y a un arbre.
Pourquoi l'arbre est-il si souverain ? Parce que seul, parmi tous, il ne se déplace pas et que tout vient à lui pour lui payer tribut.
Civilisé veut dire colonisé.
La poésie décolonise.
Longtemps ce fut le temps des assassins. Aujourd'hui, pour la première fois, c'est le temps des vulnérables. Pour autant les assassins n'ont pas disparu.
L'enfant monstrueux : l'adulte.
Internet
- Voir sur La Pierre et le Sel, l'article de Jean Gédéon du 28/10/2011
- Sur la poésie, une réflexion de Salah Stétié
Contribution de Hélène Millien
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