En ce début de printemps et alors que vient de s'achever le Salon Du Livre, à Paris, où les lettres japonaises furent à l'honneur, La Pierre et le Sel propose ces quelques haïkus d'un poète japonais dont les livres étaient présents sur le stand du Japon, Ozaki Shuyu, de son nom de plume Hosaï, né le 20 janvier 1885 à Tottori, au bord de la mer du Japon, à l'ouest de Tokyo, d'une famille de descendants de samouraïs et mort le 7 avril 1926, de tuberculose pulmonaire, dans l'ermitage Nango – ou Pays natal du Sud – situé près du temple Saiko, sur l'île de Shodo, où il vit d'offrandes et du soutien de ses amis, depuis le 20 août de l'année précédente, lisant, écrivant, récitant des soûtras, composant des haïkus.*
Le dernier, daté du matin de sa mort dit ceci :
de derrière
la colline au printemps
monte une fumée
En arrivant en ce lieu, après une vie malheureuse, tortueuse et épuisante, le poète écrivait dans une de ses lettres :
« Depuis peu je me suis installé dans cet ermitage par la grâce du bouddha. Il y a la mer et les nuages matin et soir, et en plus il y a un pilier sur lequel je peux m'adosser. Maintenant qu'on est à la mi-automne, en plus de la mer et des nuages il y a la lune et les insectes. En d'autres termes, c'est la meilleure saison. »
belle matinée
un pèlerin
agite sa clochette
In Hosaï, sous le ciel immense sans chapeau © Moundarren 2007 p.120, poèmes choisis et traduits par Cheng Wing et Hervé Collet
“ le printemps est arrivé”
annonce une grande réclame
dans le journal
Ibid p.119
mon corps maigre
blotti à la fenêtre
la sirène d'un bateau à vapeur
Ibid p.113
j'ai cédé le grand pin
aux bandes de moineaux
moi j'ai ma hutte
Ibid p.13
au vent qui souffle
je confesse
ma confiance
Ibid p.121
Le livre d' Hosaï s'achevant sur ces vers d'une profondeur égale à leur légèreté, souhaitons un printemps fertile en découvertes poétiques. L'art du haïku est l'un des plus difficiles et des plus raffinés. Il faut se pencher sur les nombreux livres consacrés par les éditions Moundarren à ses poètes et le texte suivant, qui en résume la démarche, est extrait d'un livre sur le sujet édité par Belfond en 2009, ayant pour titre L'art du haïku, Pour une philosophie de l'instant, de Kobayaski Issa, Masaska Shiki, Matsuo Bashô : * « Trois lignes, dix-sept syllabes. Le haïku est l'une des formes poétiques les plus simples - et les plus profondes - jamais inventées. Cette forme poétique dépouillée née dans le lointain Japon, trouve aujourd’hui' hui un écho auprès du public le plus large. Le haïku, phénomène de société ? C'est la question à laquelle cette anthologie inédite propose de répondre, en rassemblant, entre autres, les plus beaux haïkus écrits par les trois grandes figures tutélaires de cet art : Bashô, Issa et Shikii. Une présentation littéraire, historique et culturelle expose les principes de cette école du regard et de l'écriture, en explique l'origine et l'évolution, pour nous permettre de mieux la comprendre. »
Contribution de Roselyne Fritel
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