À l'occasion de ce 1er Mai traversé par l'actualité politique, un texte de Ghislain Ripault paru en 1985.
que vous faut-il
puisque le ciel bleu échappé de l'enfer
rouillé sur la face battue des arbres qui
palpitent au fond des
fenêtres
ouvertes sur les chemins
creux qui vous montent au visage
foudroyé comme les blés
que les tanks moissonnent de par le vent
autant en emporte les ricanements apôtres
des poètes électrocutés
par la métaphysique aussi bleue que vos prières
sous les poignes des teinturiers de l'ordre
épileptiques sont tes rêves brûlant dans le foie des mots
comme ton sourire jailli sans fin de ton aorte
un vol d'oiseaux aux becs polyphoniques traverse mon
amour ton sourire désarmant ce corps tassé de nuit
cousu de ma paupière à ma nuque
dans ma bouche ton sourire est ma boussole chaude et
charnue
je vous salue
lièvres de mes chimères dans le feu de
l'action des coupeurs de têtes
portant l'urne
en bandoulière et courez
vite
la chasse est ouverte en grand sur les prairies
de la télévision pour tous
courez vite
les bombardiers pleins d'appartements bleus à louer
viennent de décoller
la rétine des généraux s'élargit comme une planète
de plomb
ce sont des hommes ou des moteurs qui ronflent dans les
cuves de la ville damnée en anéantis
répandant la pensée par monts et par
vitrines
que vous faut-il puisque le ciel coule sous les ponts
métalliques
des jours heureux taillés en pièces
de monnaie
pour les infirmes de la mémoire
au siècle de l'hématome et du pulvérisateur
parfois
j'aimerais vivre
dans ton nombril oh ne serait-ce que pour quelques
très doux
millénaires de rien déposés sur le bord
de ton ongle venant de lacérer durablement le dernier des
ogres
In Ghislain Ripault, Écrits de peu de traces (poèmes 1970-1985), © Dominique Bedou, 1985, p.121
Internet
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Une page consacrée à G.Ripault et une bibliographie détaillée sur le site de la Maison des écrivains et de la littérature
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Un article de Michel Baglin dans Texture : Une écriture sous tension
Contribution de PPierre Kobel
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