Thierry Le Pennec est né en 1955, il vit dans les Côtes d’Armor où il est agriculteur et père de famille. Sa poésie évoque les aspects de cette existence. Il parle des saisons, de la terre, du travail qu'elle demande, des plantes, d'une partie de foot avec ses enfants, de l'amour avec sa compagne, de la rencontre avec un voisin. Des mots simples, de tous les jours, pour noter le temps quotidien, les gestes familiers mais dans un temps à la lenteur retrouvée : tous les ans ce n'est jamais pareil. On voudrait vivre cette lenteur qui est celle de la poésie, loin d'une trépidation qui ne lui appartient pas : il y a des gestes ce sont presque des rites / d'entrée dans un autre temps une saison. C'est le propre de cette écriture que de nous ramener à une évidence du rapport aux choses, aux gestes, à l'humain et aux sentiments.
Notice publiée en 2007 dans le n°114 de la revue Résurrection
Le recueil Un pays très près du ciel a obtenu en 2005 le Prix de poésie de la ville d'Angers et a été publié en partenariat par le dé bleu.
ce que j'aime c'est
passer au cours de la journée
dans 3 parcelles y faire quelque chose
celle des légumes
le matin déchaussage de l'ail puis
le champ de fleurs la coupe des plus belles
dans le plein des chaleurs enfin
le soir m'occuper du jardin d'agrément.
In Un pays très près du ciel, © le dé bleu, 2005, p.41
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il suffit de prononcer le mot : bécasse
pour que le jour avance à petits pas,
Pierrot, les bois, remuement de feuilles,
de ronces, s'irise entre les fûts, maigres,
et ce bâton tenu comme un enfant, d'acier,
la bouche arrondit les voyelles c'est comme une troupe
d'invisibles oiseaux, landes, fouetter le chêne
il en sort une ombre, une stupeur,
coup de feu dans le ciel il pleut
soudain des morceaux de bleu.
Ibid, p.46
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alors son ventre
quand elle se met au lit
prend la forme d'une demi-lune
en son lever
striée de petits plis et mauve je la regarde
du fond des draps avancer vers moi
comme une aube magistrale.
Ibid, p.63
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les écritures sur modeste cahier
celui des jours accroupis
dans roue de tracteur elle sert d'allée
on y forme des tas de cailloux
qu'on trouve à mesure des plantations ainsi
le soleil sonne sur l'infinité
des feuilles chiffrées par couleurs, les fleurs
venant plus tard dans la saison les voussures,
mains habituées comme des pelles
à faire un trou du diamètre des ongles groupés,
auréole brune à chaque, croissant d'éclipse
et peau blessée sur le pourtour, mais vive.
Ibid, p.67
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Contribution de PPierre Kobel
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