Poètes et amis de la poésie, merci de votre attention à La Pierre et le Sel depuis l'ouverture de ce blog, il y aura bientôt un an. Nous avons publié plus de 230 articles à ce jour et
nous reprendrons nos publications le lundi 3 septembre 2012.
Pour vous souhaiter repos et bel été ce texte écrit par Alexis Gloaguen lors d'une résidence d'écrivain sur l'île d'Ouessant.
On a ici l'impression d'être de plain-pied avec le ciel, juste dans l'abat-jour des traits d'ombre et des rayons qui, le soir, filtrent sous les nuages. Au-dessus, dans la dernière chaleur du bleu, un encerclement de pâleurs vénitiennes prend, attire, fait percer jusqu'au-delà. Un regard, ce n'est pas grand-chose, mais c'est un voyage qui fait aller la conscience jusqu'aux étoiles. Pour l'instant ce bleu m'arrête comme une cataracte, un hymen sur le mystère de la nuit. Tandis que la mer se perd dans l'ardoise et que la terre ternit son vert, tandis que les peines se résolvent en esprit de douleur, les rochers se fondent en murs le long desquels roulent des rues de goélands. J'attends l'obscur. Le soleil s'étiole de tons orangés, la musique du vent passe en majeur quand la vue régresse. L'immobilité est une symphonie qui ne se relâchera pas jusqu'au retour du jour. On sait que nul événement ne viendra lacérer la trame. On est dans l'éternité.
In La Chambre de veille, © Maurice Nadeau, 2012, p.86
Contribution de PPierre Kobel
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