J’ai
marché dans l’effroi
Je
suis allée dans le froid des cryptes
j’ai marché dans
l’effroi
le froid, le froid, les grands froids
j’ai
cogné sur tous les murs
sondé les vides et les creux
pratiqué
des ouvertures
me suis cachée dans les murs
j’ai circulé
entre deux parois
me suis coulée dans ma proie
troubadoure
du Luxembourg
reine de cœur en robe de pierre
je regarde
passer la vie
les promeneurs et les poneys
en ce parfait
immobile dimanche
d’Île-de-France
d’impossibles beautés
bleues
accrochées dans tes grands yeux
de poète
visionnaire
tu embrasses la vie entière
silencieux
cimeterre
guerrier roide et délicieux
infernal duc des grandes
terres
botté casqué comme un dieu
à cheval sur tous les
temps
calculateur et froid de vent
la voix du vent poète,
la voix du vent
bouche grande ouverte aux portes du temps,
poète
ma viole d’amour dans les bras
je chante la nuit qui
tombe
le voile de l’oubli nous engloutit
dans les plis d’une
autre vie
la poésie reste, cependant poète
la poésie
Née à Saint-Augustin-des-deux-montagnes en 1949, Yolande Villemaire a publié des romans, des pièces radiophoniques et plusieurs recueils principalement réunis dans les deux rétrospectives Adrénaline (Noroît,1982), et D’ambre et d’ombre (Écrits des forges/l’Orange bleue, 2000). Elle a également enregistré une cassette audio intitulée La Montée des anges.Yolande Villemaire enseigne la littérature et dirige la collection hiéroglyphes chez XYZ.
Notice du magazine de la poésie La Nouvelle Poésie Québécoise – Éditions le cherche midi.
Contribution de Hélène Millien
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