À Juan Garcia Ponce
Comme l'air
dresse et dissout
sur les pages de la géologie,
sur les terrasses planétaires,
ses édifices invisibles :
l'homme.
Son langage est à peine un grain,
mais brûlant
contre la paume de l'espace.
Syllabes qui sont incandescences.
Qui sont plantes, aussi :
leurs racines
fracturent le silence,
leurs branches
bâtissent des abris de sons.
Syllabes :
elles se nouent et se dénouent,
jouant
aux ressemblances et aux dissemblances.
Syllabes :
mûrissant aux fronts,
fleurissant aux bouches.
Leurs racines
boivent la nuit, mangent l'éclat.
Langages :
arbres incandescents
aux feuillages de pluie.
Végétations d'éclairs,
géométrie d'échos :
sur la feuille de papier
le poème se lève
comme le jour
sur la paume de l'espace.
In Le feu de chaque jour, traduction de Claude Esteban, © Poésie/Gallimard, 1986, p.144
Contribution de PPierre Kobel
Pierre Dhainaut, récemment présenté sur ce blog, écrit à propos de L'arc et la lyre, manifeste poétique d'Octavio Paz, dans un article critique, intitulé "Octavio Paz et la langue des commencements", ceci:
Le poète s'enrichit de tout ce qu'il a vu, entendu, rencontré, il ne se retranche pas, il ne se contente pas comme Mallarmé d'une chambre, il a toutes les chambres et les mers et les pierres et les forêts dont les poèmes d'Octavio Paz sont peuplés: tout ce qu'il verra, entendra, rencontrera sera métamorphosé.
Tâche immense que celle qui nous revient, ne pas séparer la langue, les autres, l'univers, leur offrir un présent, tâche humble puisqu'elle nous demande le plus grand respect de l'acte d'écrire qui s'est confondu depuis plus d'un siècle avec la volonté frénétique de surprendre alors qu'il fallait dans le temps qui nous est donné, "dans les couches souterraines de l'histoire" à défaut de plein jour, inventer les signes de l'immémorial.
In Dans la main du poème, éditions Henry, 2007
Rédigé par : Roselyne Fritel | 25 octobre 2012 à 15:01