En octobre 1997, le poète Jean-Paul Hameury, consacrant à ce peintre américain une plaquette, parue aux Éditions Folle Avoine, écrivait à propos de ses œuvres :
Finalement, devant les tableaux de Hopper, nous sommes conduits à attacher moins d’intérêt à la représentation elle-même qu'à ce qui lui fait défaut pour être ce que nos attendions qu'elle fût. Il y a, en effet, chez Hopper, un déterminisme fatal qui le contraint toujours à choisir le lieu et le moment où manque au réel ce qui lui assurerait sens, cohérence, plénitude. Ce qui devrait être n'est pas ; ce qui devrait se présenter se dérobe ; ce qui devrait être donné se refuse.
Un rapprochement entre les tableaux de l'un et les poèmes de l'autre s'imposait.
L'été
resta longtemps
aux marches de nos seuils.
Nous vivions
dans l'éclat
sans savoir que la lumière
elle aussi
renonce.
Nous ignorions que viendrait le moment
où
s'éteindraient les lampes
et qu'avec elles s'en irait
un peu
de notre sang.
Oui ce fut le matin
longtemps.
Puis
l'obscur annexa
tout domaine.
Nous ne sûmes jamais quels
chemins
nous avaient jetés là
face aux parois sans prises
de
la nuit.
In Cette autre rive (L'Obscur) © Éditions Folle Avoine 1988
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Tout
est là – offert –
qui pourtant se dérobe.
Or il
arrive qu'une parcelle
morcelée se glisse dans la main
et pèse
alors contre la paume
aussi fortement qu'une épaule de
femme
autant qu'un nouvel astre
levé aux limites du monde.
Et
le cercle se défait
et tout s'y vient placer
s'en échappe ou
y demeure sereinement.
L'innombrable
infime
mesurable
se
tient tout près du cœur.
Sans qu'on le veuille
ni le
sache
les mains – prodigues –
ne tiennent plus à
rien.
(...)
Plutôt
que de vouloir
ces fragments pour demeure
cherchons leur double
dans l'opaque.
Et tenons-nous dans le courant
de ces eaux
mouvantes
où une main le regard d'un chien
la feuille humide
d'un tremble
toutes choses gorgées d'offrandes
déchirent
l'obscur soudainement
et nous livrent au-delà
des lieux que
l'éclat consume
Ibid
(L'Autre
Rive)
Comme s'achève l'exposition sur cette toile représentant le vide absolu de la pièce, ce dernier poème met un point d'orgue à la quête d'absolu du peintre. Puissent vos yeux poursuivre l'aventure au delà du possible.
Quelle
trahison serait pire
Que de vouloir passer au-delà
quand
ici
tout reste encore à mesurer ?
Puissiez-vous
laisser toutes grandes ouvertes
les portes et demeurer fidèles
au
plus pauvre domaine
et puissent vos mains continuer
de
s'appuyer, confiantes,
aux bornes branlantes
des maigres
enclos.
In
Brûlant
seul © La
Dogana 1982, p.76
Internet
-
Un article Wikipedia
-
Reproduction d’œuvres de Hopper
Contribution de Roselyne Fritel
Merci de nous avoir permis de découvrir Jean-Paul Hameury.
Bravo pour le choix de poèmes qui accompagne la peinture de Hopper.
J'aimerai choisir un livre de JP Hameury lequel me conseillez-vous d'acheter.
Toujours ravie de vous lire tous.
françoise barret
J'utilise l'adresse e mail de mon mari la mienne ne fonctionnant pas actuellement :
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Rédigé par : Françoise Barret | 28 janvier 2013 à 10:23