Hélène ou le règne végétal
Tu
es dans un jardin et tu es sur mes lèvres
Je ne sais quel oiseau
t'imitera jamais
Ce soir je te confie mes mains pour que tu dises
À Dieu de s'en servir pour des besognes bleues
Car tu es
écoutée de l'ange tes paroles
Ruissellent dans le vent comme un
bouquet de blé
Et les enfants du ciel revenus de l'école
T'appréhendent avec des mines extasiées
Penche-toi à
l'oreille un peu basse du trèfle
Avertis les chevaux que la
terre est sauvée
Dis leur que tout est bon des ciguës et des
ronces
Qu'il a suffi de ton amour pour tout changer
Je te
vois mon Hélène au milieu des campagnes
Innocentant les crimes
rosés des vergers
Ouvrant les hauts battants du monde afin que
l'homme
Atteigne les comptoirs lumineux du soleil
Quand tu
es loin de moi tu es toujours présente
Tu demeures dans l'air
comme une odeur de pain
Je t'attendrai cent ans mais déjà tu es
mienne
Par toutes ces prairies que tu portes en toi.
In
Hélène
ou le règne végétal,
1952.
In
Les
voix du poème,
anthologie du Printemps des poètes 2013 de Christian Poslaniec et
Bruno Doucey - © Éditions Bruno Doucey, 2013, p.50
Contribution de PPierre Kobel
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