Lettre aux amis morts
Voilà que vous êtes morts – il ne bat plus
Votre cœur dont les pulsations
Donnaient du rythme et de l’espoir à ma vie
à présent pour moi vous êtes perdus
- Le regard ne traverse point de telles distances -
Et je ne partirai pas à votre recherche je ne suis pas
Orphée ayant en ce qui me concerne choisi
D’être présente là où je suis vivante.
Je vous souhaite la paix sur ce chemin
En dehors du monde que je respire et vois.
Mais c’est ici que j’ai choisi de vivre
Il ne me reste qu’à regarder en face
Dans ce pays de douleur et d’incertitude.
Ici j’ai choisi de demeurer
Là où la vision est plus dure et difficile
Ici il ne me reste qu’à faire front
Au visage sale de haine et d’injustice
La lucidité me permet de voir
La ville qui tombe mur après mur
Et les visages qui meurent l’un après l’autre
Et la mort qui me brise m’apprend
Que le signe de l’homme n’est pas une colonne.
Et je vous demande pour cet amour brisé
Que vous vous souveniez de moi là où l’amour
Ne peut plus mourir ni se casser.
Que votre cœur qui a cessé de battre
Le temps dense du sang et des regrets
Qui vit la perfection de la clarté
Aie pitié de moi et de mes pleurs
Aie pitié de moi et de mon chant
In Malgré les ruines et la mort , p.247 – © La Différence, 2000
Contribution de PPierre Kobel
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