Quel était le goût de Cavanna pour la poésie ? J'avoue ne pas le savoir. Mais la disparition de cet esprit libre, secoueur de cocotiers avec quelques autres et iconoclaste nécessaire contre les consensus mous et les bien-pensants me conduit au texte suivant de Abdellatif Laâbi.
Le fardeau du monde
Ce n'est pas une affaire d'épaules
ni de biceps
que le fardeau du monde
Ceux qui viennent à le porter
sont souvent les plus frêles
Eux aussi sont sujets à la peur
au doute
au découragement
et en arrivent parfois à maudire
l'Idée ou le Rêve splendides
qui les ont exposés
au feu de la géhenne
Mais s'ils plient
ils ne rompent pas
et quand par malheur fréquent
on les coupe et mutile
ces roseaux humains savent que leur corps lardés
par la traîtrise
deviendront autant de flûtes
que des bergers de l'éveil emboucheront
pour capter
et convoyer jusqu'aux étoiles
la symphonie de la résistance
In Tribulations d'un rêveur attitré, © La Différence
Contribution de PPierre Kobel
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