J'écris seulement pour parler de la vie, de l'amour, de la mort, de la révolte. Ce n'est pas tout. Ce n'est pas rien non plus. Heurter l'impossible ; mettre de l'énergie en mots ; en donner peut-être à quelques hommes, même dans le dénuement.
Changer la vie, comme l'espéra un moment Rimbaud, avec la poésie, non, cela n'est plus espérable. Mais on peut, on doit écrire mots contre mots, poésie contre hymnes et paroles fanatiques, et contre discours promotionnels. Proclamer la continuation du quelque chose d'autre, qui est aussi dans l'homme. Dans une société policée, et plus encore dans une société fondée sur la consommation et le prêt-à-penser, le poète apparaîtra toujours comme un énergumène : au mieux comme un rêveur, au pire comme quelqu'un bon à exclure de la cité, fût-ce, comme chez Platon, après l'avoir couronné…
In Explorer l'incertain © L'Amourier 2010,pp.52/53
Contribution de Roselyne Fritel et PPierre Kobel
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