Une exposition des œuvres d'Alexandre Hollan, peintre et dessinateur d'origine hongroise, né à Budapest en 1933, installé en France depuis 1956, se tient actuellement et jusqu'au 3 mai prochain, à la Galerie Vieille du Temple, à Paris. Le peintre établit avec des arbres exceptionnels qu'il découvre au cours de ses promenades dans la garrigue, une relation unique. Yves Bonnefoy écrit à son propos dans L'arbre au-delà des images, livre illustré de ses dessins au fusain, édité chez William Blake & Co, en 2003 :
Quelques remarques seulement à propos d'une œuvre de peintre qui est tout autant poésie.(...) Quand Hollan décida, il y a déjà bien longtemps, de passer ses étés dans une garrigue presque déserte, où de longues journées de solitude dans la lumière constante font que les perceptions s'affinent, s'intensifient, c'est parce qu'à diverses distances de son petit mazet grand ouvert sur l'herbe rare et les pierres sèches sont disséminés de grands arbres, surtout des chênes, avec lesquels il recrée, à chaque retour, un rapport intime et même affectueux qui est devenu dès le premier jour le centre de sa pensée.
Grand chêne de Viols-le-Fort, à la page 16 de Je suis ce que je vois 3, est l'une de ses ébauches d'arbre.
Je suis ce que je vois est un ensemble de notes sur la peinture et le dessin, prises pendant plus de trente années d'expérience et réparties en trois livres, de 1975 à 2013.
Dans le numéro 3, il dépeint ainsi son long face à face avec l'arbre, à différentes heures du jour, et l'état de réceptivité et d'intimité respectueuse qu'exige cette rencontre.
Étrange ascèse. Écrire sans mots, écrire le silence, le calme, la patience. Maintenir la grande passivité.
Et laisser venir en même temps les passions, cris sauvages, forces de la profondeur.
(note du10/5/09)
In Je suis ce que je vois 3 © Le Temps qu'il fait 2013, p.73
Quitter le visible, chercher l'arbre dans son espace. Nager en lui.
(note du 2/7/10)
Le feuillage flotte autour de l'arbre. S'accroche aux branches et les entraîne dans sa ronde. Au milieu de cette valse, invisiblement l'arbre grandit.
(note du 11/8/10)
Le chêne est comme l'océan entre les rochers. Ses vagues viennent de loin, ses feuilles frémissent comme de l'écume. M'aventurer dans leurs tourbillons n'est pas sans danger. Ils peuvent m'emporter vers le large.
(note du 4/8/11)
Ibid p.71
La démarche s'apparente étrangement à celle du poète. En voici l'aboutissement.
« La forme naît dans le tourbillon. » a noté l'artiste en regard de ce fusain du Grand chêne de Viols-le-Fort, à la page 83, de L'Arbre au-delà des images.
Bibliographie
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L'arbre au-delà des images © William Blake & CO .Éditeurs 2003
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Je suis ce que je vois 3 © Le temps qu'il fait 2013
Internet
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un entretien avec Laure Adler sur France-culture en 2013
Contribution de Roselyne Fritel
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