Le siècle s'effondre
nous portons sur le dos
des vêtements trop grands
nous n'avons pu remplir
l'espace
qui nous était donné
ni partagé la mise
à grands coups de slogans
nous avons dressé
l'arbre contre la bête
la rivière contre l'homme
le chemin contre l'oiseau
pourvoyeur de massacres
des lettres sans destinataires
portant le nom des amis
morts
flottent dans nos mémoires
sur des coussins de vent
[…]
nous
fils du vol
et des conquistadores
insatiables
verbe haut
et l'humeur vagabonde
dans des chaussures
tringlées d'or
voyageurs égarés
en quête d'ailes
et d'attelage
nous portons sur le dos
des habits sans vergogne
que le blanc
effraie
[…]
il faut repartir nu
à la juste mesure
à l'empan
la coudée
déposer sur le sol
la brume des regards
l’œil dessillé
visage contre visage
c'est la peau qui
nous dit la frontière
[…]
Extraits in Le siècle s'effondre, © Jacques Brémond, 2000
Ces extraits ont été publiés dans la belle anthologie 111 poètes d'aujourd'hui en Rhône-Alpes publiée en 2005 par la Maison de la poésie Rhône-alpes et Le Temps des Cerises sous la direction de Jean-Louis Roux. On s'accordera avec ce dernier lorsqu'il écrit : « Faire que les mots redeviennent aussi présents que des choses tangibles : voilà l'enjeu. »
Internet
-
Une page consacrée à Monique Domergue
-
Le site de la Maison de la poésie Rhône-alpes
Contribution de PPierre Kobel
Commentaires