On n'évoquera jamais assez la personne de Thierry Metz et pour introduire ces extraits du recueil Terre paru en 1997, citons ces lignes de Jacques Ancet publiées dans le numéro 52/53 de Diérèse :
Tout ce qu 'écrit Thierry Metz relève de la poésie. Je veux dire de cette intensité de langage qui ne connaît ni limites ni formes. Que son écriture soit journal, témoignage, prose ou poème, c'est chaque fois la même justesse, la même densité, la même transparence. En ce sens, Thierry Metz est un poète fatal. Aucune page qui, chez lui, soit inutile ou faible. Et comme chez tout vrai poète, la plus grande limpidité s'allie à la plus profonde obscurité : « Écris – dit-il / non dans l'écriture / mais dans l'intimité du puits / où se cache le plus clair ». À quoi répond, en écho inversé : « Toute l'obscurité est dans le jour ».
Il n'y a que des pas. Des pas derrière moi.
En reste
Ici, dans l'argile encore fraîche qui m'a lié au chemin.
Mais souvent ce mot va au feu. Très loin dans la chaleur. Dans ma voix il durcit. Alors dans l'achèvement il n'est plus qu'une tuile. Il couvre. Il préserve. Il protège. D'un autre feu.
Plus froid.
Je ne vis qu'en ce que j'ai à écrire. Ou, différé par mon silence : habiter. Là où je ne resterai pas.
Quelques pas hors de moi.
Jusqu'à toucher la haie.
En sortir.
Pour avancer
alors il me faut, comme si je ne voyais pas, toucher ma voix, lui chercher une porte ou de l'herbe. Lui faire dire ce que je cherche. Maintenant. Ainsi ce n'est pas de l'ombre que je recueille mais l'herbe.
Puis le nuage
ou le hêtre.
Avec ça je me fais une corde. Je suis dans mes mots. Jusqu'à l'écriture. J'appartiens à ce qui est dit, au chemin.
Alors je peux charger le jour sur mon épaule et monter.
Et partir.
Vers la maison de mes mains.
Extrait p.9/10
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Un silence.
Un rien.
Un chat qui s'enroule autour de la main.
Couvert d'oiseaux.
Une plante dans un pot.
Un pichet.
Toute la mort derrière la vitre.
Jour de semaine.
Sans écriture.
Ou seulement de cela. Les champs, d'autres champs. Sans véhicule mais seulement jeté au sol.
La journée c'est le Gange.
L'âme est emportée.
Comme une fleur.
Se jette dans cette lumière.
Et rien d'autre.
Seul reste le champ. Près du bois. Près du verger. Je ne cherche pas à être ailleurs même si souvent, de la main, je touche une herbe plus haute, un mur plus bas.
Ici on me parle.
Ce n'est jamais le même. C'est toujours quelqu'un d'autre.
Nous parlons de table ou de chaise. D'un arrosoir, d'une faux.
Dans nos voix des oiseaux sont libres.
C'est des paroles
C'est le verre de vin.
Un portail.
Un bâton qu 'on laisse aller.
Rien n'est reclus. Sinon le petit tas de cendres qui fermentent dans un seau.
Extrait p.19/20
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J'écris comme si je résistais
comme un petit serpent mais
ce sera le seul geste
de consolation.
Et que voulait le passant ?
Passer.
S'abriter en lui-même.
Retrouver l'aile.
Mais dans les herbes
que l'on fauchait.
Où n'être que solitaire ? où se retrouver quand tout aura brûlé dans nos paroles ?
Extrait p.40
Bibliographie partielle
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Terre, © Opales/ Pleine page, 1997
Internet
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Dans La Pierre et le Sel
Contribution de PPierre Kobel
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