Cette maison d’édition installée en Aquitaine a été créée en 1981 par Georges Monti, grand amoureux des mots, et sans doute pour cette raison, découvreur et éditeur des mots des autres.
Et comme il l’indique lui-même :
« L’amour des livres, comme l’amour tout court, se passe aisément d’explications.
Je suis devenu éditeur poussé par ce seul élan. Ma conception de ce métier prestigieux se précise d’année en année, dans les limites où me contraignent mon manque de moyens, les lois du marché, et ce qu’il est convenu d’appeler la crise de l’édition. Ma pratique éditoriale se nourrit de nombreux arguments — en vérité bien plus que je n’en peux concevoir moi-même — lesquels, bien que parfaitement fondés et quotidiennement présents à mon esprit, n’interviennent qu’assez peu (peut-être pas du tout) dans mes choix. Mon seul critère de choix c’est mon goût, et chaque livre est une histoire. Mes projets m’échappent et me rattrapent ; je ne sais pas choisir entre le tout et la partie, hésitant entre le désir de construire et le plaisir de publier (...). »
Et il ajoutait en 1985 :
« Le temps qu’il fait a aujourd’hui un catalogue de près de 350 titres où s’illustrent tous les genres littéraires. Car c’est la littérature qui me semble répondre le mieux à l’attente que tout homme conscient éprouve de vivre, sinon la vraie vie, du moins une vie meilleure, à tout le moins un moment de quiétude. Si on y trouve quelque cohérence (ce que j’espère), c’est que mon goût de lecteur est mieux organisé que ma raison d’éditeur. »
Depuis cette date, Le temps qu’il fait a continué à creuser son sillon dans l’humus de l’édition en doublant pratiquement son catalogue, avec des auteurs originaux, dont l’écriture poétique, intense ou singulière, est de nature à happer l’attention du lecteur, tels Jean-Loup Trassard, Gérard Macé,Christian Bobin, Jude Stéfan, Baptiste-Marrey, Jean-Pierre Abraham, Joseph Delteil ou Jean-Claude Pirotte qui vient tout récemment de disparaître, et que G. Monti a été le premier éditeur conséquent à lancer et surtout à faire connaître à d’autres éditeurs.
Aujourd’hui, comme l’indique le texte de présentation de sa maison, « le catalogue s’est abondamment étoffé et développé dans une grande indépendance à l’égard des doctrines, modes ou influences du moment, guidé seulement par le goût des livres, l’amour de la littérature et la confiance peut-être un peu désuète dans la portée politique du langage — qui peut faire de l’expérience d’un seul le bien de tous. Balançant, depuis leurs débuts, entre la figure (passablement péremptoire) de l’« éditeur d’honneur » et celle (trop réservée) de l’« éditeur introuvable », elles ont publié au cours de ces 30 années d’artisanat obstiné près de 600 titres dans lesquels on devine leur passion sans exclusive pour la langue et leur intérêt non moins ouvert pour les images. »
Et il ajoute, en fin d’article, ce constat lucide :
« Assumant pleinement leur statut de petit éditeur, elles poursuivent désormais, non sans faire, avec plusieurs autres, ce constat quelque peu désabusé : le rétrécissement de leur rôle (poisson-pilote ou voiture-balai), la raréfaction des grands lecteurs, l’accroissement des coûts réels de diffusion, la diminution de la reconnaissance médiatique ne sont que les symptômes apparents d’un profond bouleversement de la vie du livre — dont il incombe à chaque acteur, de l’auteur au lecteur en passant par tous les médiateurs possibles, de retarder la déconfiture, avec acharnement »
G. Monti,après avoir imprimé ses ouvrages a du se résoudre, acculé par les problèmes matériels, à se faire imprimer ailleurs et à se replier sur lui-même.
Il a même été tenté, pendant un temps, de mettre la clé sous la porte, mais il a su résister à la tentation et poursuivre obstinément sa route.
« L’imprimeur fait-il vivre l’éditeur ? se demande-t-il, au cours d’un entretien accordé à la journaliste Claire Devarieux « Bon an mal an, mon activité d’éditeur s’autofinance. Mais si j’avais dû, avec le mal an, assurer le quotidien, les salaires, les frais généraux, j’aurais fermé boutique. »
« La maison existe toujours. Elle est un peu miraculée après des coups durs successifs qui auraient dû l’emporter. Il a fallu réduire la voilure au strict minimum. Aujourd’hui, je travaille seul, reconnaît Georges Monti, résigné à licencier il y a quelques mois les derniers employés d’une entreprise qui en a compté jusqu’à une dizaine. »
Cet éditeur, amoureux de la belle littérature, continue de tracer sa route sans se renier, loin des sirènes du cirque médiatique seulement préoccupé de faire de l’argent.
Souhaitons-lui longue vie et encore de belles récoltes poétiques.
Coordonnées
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Responsable : Georges Monti
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Adresse : Le temps qu’il fait
24, rue Grangier
33430 BAZAS
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Courriel : [email protected]
Internet
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Daylimotion : portrait vidéo de Georges Monti, éditions Le temps qu’il fait
Participation de Jean Gédéon
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