« Il s’agit de redonner sa place au poète dans la cité. »
À l’heure où se termine le 32e Marché de la Poésie sans que les grands médias aient pris la peine d’en rappeler l’existence, je veux mettre cette phrase de Paul de Brancion en exergue. Paul, Brigitte Gyr et Mathias Lair sont les initiateurs de l’Union des poètes & Cie créée en septembre 2012.
Qu’attendre d’une telle association ? Elle est née parce que l’existence spécifique de la poésie était menacée au sein des instances du Livre, parce que sa place déjà restreinte risquait de devenir inexistante. Dès sa création, elle a trouvé des adhésions en nombre important et le soutien de grands noms de la poésie.
Il n’y a, de la part de ses initiateurs, aucun désir d’imposer quoi que ce soit à des créateurs dont l’art est, de fait, très individuel et dont la multiplicité, la diversité des voix fondent la richesse de cette écriture.
La sphère poétique française a aujourd’hui, en grande part, tourné la page des querelles de chapelles et des exclusives vindicatives qui ont longtemps pesé sur son dynamisme et mis un obstacle à des fraternités encourageantes. Par ailleurs, si des pratiques éditoriales regrettables persistent encore, le travail entrepris dès les années 70 par un organisme tel le CALCRE en son temps, a permis de dénoncer ce que le compte d’auteur, pour la plus emblématique de ces pratiques, a de négatif.
C’est dans ce contexte que l’Union des poètes & Cie se propose de fédérer les énergies, de réinscrire la poésie dans la culture pour tous, dans l’espace scolaire et médiatique.
Elle se propose également de donner des outils qui aident au dialogue nécessaire entre un auteur et un éditeur à l’heure d’établir un contrat, entre un auteur et l’organisateur d’une manifestation pour s’accorder sur les conditions d’une prestation. Depuis quelques années, les auteurs de jeunesse ont réfléchi à ces problématiques et établi une charte qui est un document de référence. C’est en s’appuyant sur cette expérience que l’Union des poètes & Cie a établi une charte des poètes, qu’il reste à faire évoluer, charte qu’elle met à disposition de ses adhérents.
Répétons-le ici, rien n’est impératif dans la démarche de l’Union des poètes & Cie. Le but de ses membres est de se poser en partenaires représentatifs auprès des instances du Livre, de défendre la spécificité de la poésie et de soutenir ses créateurs et leur travail. Au-delà d’eux, c’est ce que signifie le « & Cie » du nom, il s’agit également d’instaurer un dialogue et des règles bénéfiques pour toutes les parties, non seulement avec l’éditeur, mais également les autres acteurs de la poésie que sont les revuistes, les libraires, la presse spécialisée et généraliste, les centres culturels, les médiathèques.
Enfin, il convient de faire une mention particulière des problèmes liés au développement de l’édition numérique. Si l’utilisation des outils informatiques et la facilité à mettre des textes en ligne, donnent une meilleure visibilité à la création poétique, il faut a contrario être très vigilant à ce que ne se développe pas un recours indu au Web qui fasse resurgir des pratiques tout à fait indésirables et condamnables.
Le réalisme oblige à considérer ce qu’est l’économie de la petite édition de poésie, une économie dont on a voulu croire parfois qu’elle n’existait pas, une économie qui tient le plus souvent à quelques personnes, où chaque publication est une aventure dont l’échec ou le succès permet d’engager la suivante. Cette fragilité explique pourquoi l’amitié et la complicité tiennent, encore maintenant, souvent lieu de contrat. Les auteurs qui n’attendent rien, en termes d’argent, de leurs publications sont parfois les premiers à se satisfaire de cette situation. Des éditeurs, à qui personne ne saurait reprocher d’être plus des artistes que des comptables, tiennent leur affaire d’une manière très aléatoire. Cependant les faits prouvent que ceux qui ont des pratiques transparentes et crédibles, tant auteurs qu’autres acteurs, ont tout à gagner à cela. La généralisation de ce comportement responsable ne peut que conduire à un plus grand respect de la poésie, à lui donner une place et un rôle dans l’univers culturel, médiatique, dans l’enseignement, dont toute la société bénéficiera à l’heure de résistances nécessaires.
J’appelle ici tous ceux d’entre vous, poètes et amis de la poésie, qui partagez notre soutien à la démarche de l’Union des Poètes & Cie, à relayer cet article auprès de vos correspondants afin de les en informer.
À télécharger
Internet
Contribution de PPierre Kobel
Commentaires