Robert Lobet est le fondateur des éditions de la Margeride qu’il dirige. Plasticien, amoureux des livres et du livre, plasticien, il accompagne depuis des années les écrivains, et particulièrement les poètes, avec la création d’ouvrages d’art à tirage limité.
La Pierre et le Sel : Quel est l’itinéraire personnel qui vous a conduit à la poésie ? Culture familiale ? Rencontres personnelles ? Études ?
Culture familiale : pas du tout ! Études non plus, mais rencontres personnelles, oui, je faisais depuis longtemps un travail proche du livre (des livres), des écritures anciennes, sous forme de livres objets avec parfois de courts textes personnels (très courts), des citations, et l’envie de travailler avec des auteurs s’est imposée et a commencée par trois auteurs marquants, René Pons, Salah Stétié et Andrée Chedid.
Une fois ma timidité surmontée je me suis rendu compte que ces personnes étaient ravies de travailler avec mes œuvres, et que cela se passait très bien, avec beaucoup de simplicité.
La Pierre et le Sel : Quelle place occupe aujourd’hui la poésie dans votre existence ?
Je lis de plus en plus de poésie, mais je ne suis pas un homme de lettres (hélas), à mon point de vue, mon travail plastique me prend trop de temps (mauvaise excuse ? Je ne sais pas)
La Pierre et le Sel : Avez-vous une écriture personnelle en dehors de votre travail de plasticien ?
Oui, et en plus certains apprécient, ce qui m’étonne toujours !
La Pierre et le Sel : Quels sont les poètes, contemporains ou du patrimoine, qui vous sont proches par leur écriture ?
Il y en a tellement, je suis bon public et curieux, et je ne peux pas faire une sélection, il me manque tant à découvrir, à connaître. Patrimoine, je dirais Baudelaire, contemporain c’est trop difficile de faire un choix. Bien que comme éditeur, je suis bien obligé d’en faire, des choix, mais c’est différent, l’enjeu est différent, faire un livre c’est beaucoup de temps et de travail, on est contraint de sélectionner, même si c’est parfois très difficile.
La Pierre et le Sel : Avez-vous personnellement déjà publié ?
Jamais, enfin, presque, on va dire pas au sens où je suppose que cela peut s’entendre.
Je m’explique, j’utilise parfois mes textes pour des projets de livres, souvent de très petits tirages que je souhaite faire en lien avec mon travail plastique, j’imagine un projet, je veux le faire, c’est un besoin, une envie (un caprice ?) Et je puise dans ma production (modeste), voire j’écris pour l’occasion. Mais ce n’est pas l’essentiel de ma production.
La Pierre et le Sel : Quel est votre parcours de plasticien ?
Maîtrise d’arts plastiques à l’Université Paul Valéry de Montpellier, j’ai travaillé en peinture, exploré différentes voies, puis la gravure qui me passionne et le dessin qui trouve sa maturité ses dernières années, il me semble.
La Pierre et le Sel : Et comment en êtes-vous venu à créer les éditions de la Margeride ?
Parce que le travail sur le livre prenait de plus en plus d’importance.
Je faisais des livres-objets, puis des éditions de bibliophilie, souvent en collaboration avec des éditeurs et des imprimeurs d’art, et comme ça n’allait pas assez vite et que je recherchais plus de marge de liberté, de créativité, je suis devenu mon propre imprimeur. Parallèlement je voulais que ces textes magnifiques (ceux de mes auteurs) soient connus et partagés plus largement. Donc j’ai travaillé sur ce concept et j’ai créé la collection « Passerelles », des livres d’artiste, de la meilleure qualité possible et au moindre coût. Certains collègues éditeurs n’ont pas compris au début, maintenant d’autres font de même, car le public apprécie et les auteurs aussi.
La Pierre et le Sel : Comment travaillez-vous ?
Beaucoup. Seul, hélas, avec des coups de main familiaux ou amicaux de temps en temps, en fait de plus en plus souvent, car maintenant j’ai de plus en plus envie de créer de projets, mais les journées sont trop courtes.
La Pierre et le Sel : Comment effectuez-vous les choix de publications ? À partir de quels critères ?
Le coup de cœur, l’intuition, il faut que cela corresponde à ma sensibilité, que je puisse assez vite imaginer le livre que je vais faire, les images que cela suscite. J’ai envie de donner à voir, lire des écritures rares, étrangères, peu connues, féminines, mais de toute façon, qui me touchent.
La Pierre et le Sel : Comment entrez-vous en relation avec les auteurs que vous publiez ?
De plus en plus d’auteurs me contactent, directement, il m’arrive de proposer des idées des projets à certains, car leur univers est particulièrement proche de mon travail plastique. Étant donné que je fais les images de tous mes livres, il faut que le texte me pousse à créer du nouveau en restant dans un chemin personnel. Et c’est ce qui arrive, naturellement, je n’osais l’imaginer ainsi, au début.
La Pierre et le Sel : Relations personnelles ?
Oui, il y a cela aussi, et c’est bien, la collaboration avec d’autres éditeurs. Beaucoup de rencontres personnelles aussi sur des festivals de poésie ou de littérature. Et puis j’aime à suivre mes auteurs, donc je les publie à nouveau.
La Pierre et le Sel : Sollicitations de votre part ?
De moins en moins.
La Pierre et le Sel : Avez-vous une ligne éditoriale précise ?
Non, elle se dessine naturellement, sans intention préétablie, mais pourtant il y en a bien une, c’est intéressant à observer « de l’extérieur » si je puis dire, on se découvre soi-même un peu plus.
La Pierre et le Sel : Êtes-vous ouvert à une large palette d’expressions ?
Oui, toujours, je suis ouvert à beaucoup de choses, il me semble, le livre d’artiste doit permettre cela.
La Pierre et le Sel : Comment travaillez-vous avec les auteurs ?
En étroite collaboration et en amitié autant que possible. Et c’est bien.
La Pierre et le Sel : Vous avez une relation particulièrement proche de Bruno Doucey et de sa maison d’édition. Quelle est l’histoire de cette amitié artistique ?
Je dois d’avoir rencontré Bruno à Marc-Henri Arfeux, poète, romancier, peintre, et excellent musicien, un garçon surdoué et hyper actif.
Quand il m’a dit qu’on allait rencontrer le Directeur des éditions Seghers, je n’étais pas très rassuré. J’ai découvert un homme chaleureux, humain, sympathique, et au bout d’une heure je voyais se profiler un projet de livre d’artiste, à propos du fleuve Saint-Laurent, au Québec. On ne l’a pas fait, mais on a fait bien d’autres projets superbes, et j’en suis très heureux.
Bruno Doucey fait un travail formidable.
La Pierre et le Sel : Quel est votre fonctionnement matériel ? Quelles sont les techniques d’impression que vous utilisez pour vos publications ?
En fonction du projet, j’imagine des images, un format, un choix de technique, typographie au plomb mobile, sérigraphie, ceci est réalisé par moi, à l’atelier, et parfois je travaille avec un ami imprimeur, qui fait un bon travail en numérique et qui accepte mes demandes, parfois compliquées.
Dans tous les cas le travail de peinture, dessin et gravure est toujours très lié à celui qui apparaît dans les livres.
La Pierre et le Sel : Quel est votre fonctionnement économique ?
Compliqué aussi !
La Pierre et le Sel : Quel est le statut de votre structure éditoriale ?
Aucun, c’est une appellation, non une entité juridique, je suis plasticien inscrit à la Maison des artistes, c’est mon statut et mon cadre juridique et fiscal.
La Pierre et le Sel : Quel est votre budget de fonctionnement ? Avez-vous des subventions ?
Alors là, les questions de chiffres… Ma moyenne en math ne s’est jamais élevée en dessus de 2 sur 20. En faculté, le comble, j’ai eu une UV (Unité de valeur, à l’époque), en première année, mais j’avais pompé outrageusement.
L’association des Ateliers de la Margeride qui soutient les éditions, est aidée par la région Languedoc Roussillon pour participer aux salons parisiens, notamment, et elle nous apporte de précieux conseils techniques si besoin est. Que ses personnels en soient ici chaleureusement remerciés !
La Pierre et le Sel : Quels modes de diffusion utilisez-vous ?
Pas de diffuseur, vente directe, par internet et le site, à l’atelier lors de rencontres poétiques deux fois par ans ou de résidences d’auteurs qui donnent lieu à des soirées poésie à l’atelier
La Pierre et le Sel : Démarchez-vous les libraires ?
Non, ils viennent nous voir.
La Pierre et le Sel : Participez-vous à des salons du Livre ?
Oui, c’est essentiel pour nous, une dizaine par an
La Pierre et le Sel : Utilisez-vous Internet en relation avec votre travail d’éditeur ?
Oui beaucoup, travail avec les auteurs, documentation, etc.
La Pierre et le Sel : Avez-vous un site personnel ?
Oui, le site des éditions et un site personnel pour les œuvres plastiques et un grand projet de site qui réunirait les deux (travail en cours).
La Pierre et le Sel : Un blog ?
Oui, mais en sommeil, hélas à cause de la publicité invasive, donc je prépare un grand remaniement. Je consulte ceux des autres.
La Pierre et le Sel : Quels sont vos projets à venir ?
Des livres d’artistes, le développement de deux nouvelles collections et je rêve de créer une revue, mais ça, c’est un projet un peu fou, dont j’ai très envie, mais qui me fait peur aussi en raison du travail que cela représente, mais c’est un beau rêve, non ?
Internet
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Un article sur Artpointfrance
Contribution de PPierre Kobel
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