Le poète portugais s’est éteint le 23 mars dernier à l’âge de 84 ans. Portugais, il l’était de nationalité, poète il était universel tant son œuvre peut parler à chacun.
Gil Presnitzer évoque à son propos dans Esprits nomades, la « trajectoire d’un démiurge. » Et Patrick Kechichian écrivait en 2002 dans un article du Monde : « Herberto Helder est un ordonnateur du chaos. Il enregistre le monde, voix et lumières, images combinant le sens et les sens ; il en traduit quelques fragments puis dispense un savoir qui serait néant s’il était retenu, calculé. »
Celui qui atteint son poème par ce que les poèmes ont de plus haut,
touche au lieu où c’en est fini du monde : je ne le veux pas
pour le charme ou l’erreur, dit-il,
je le veux pour l’étoile plénière qui existe à certains endroits de certains poèmes
abrupts, sans indication d’auteur.
Il y découvrit ce que tout cela contenait
d’âpreté :
plutonium, l’abîme.
La lune travaillait à la vitesse de la splendeur.
Les clous vivants au-dedans de la tête, je sais.
Un vase fait sur le vif, soufflé chaud, dit-il, je sais.
Le système du son au plus secret du poème à jamais,
poème intact, de
musique et
d’exaltation.
Où se trouve pour le délire, dans la partie
haute, dévorée par l’or, la partie inhospitalière.
Hanté aussi par le plus simple :
quantité et fraîcheur, un exemple :
les fruits enivrent.
Quelqu’un a dit : l’étoile absolue a pénétré ta douceur.
De traverse en traverse d’os – parce que tu étais vierge – alors elle te transmua,
fils.
La bouche meurtrie par l’air inspiré, l’air expiré.
Brûlé là où la chair se ferme, ou bien ouvert peut-on
dire
comme un trou de matière maternelle.
Un âpre tas de sacs en haut :
des sacs brillants, des sacs de sang amarré.
In Le poème continu 1961-2008, p.273
Bibliographie partielle
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Le poème continu 1961-2008, © Poésie/Gallimard, 2010 – Traduction de Magali Montagné et Max de Carvalho
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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