Les lèvres et la soif, élégies. On peut être surpris de la référence à cette forme poétique qui dans son acception première, dit le deuil et la tristesse, en lisant la suite des textes de ce recueil qui sont un chant d’amour.
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un oiseau s’est posé aujourd’hui sur tes lèvres,
comme si c’était un infime tremblement de paille
ou de la poussière blanche,
comme si c’était l’haleine d’un songe
ou un charbon de neige,
un oiseau s’est ainsi posé au bord du vide,
au bord de la pensée,
tout au bord du silence,
tout au bord d’un poème entrouvert,
[…]
In Les lèvres et la soif, © Lettres vives, 2016, p.13
Yves Namur est un homme d’entreprise et d’énergie, de curiosité, et s’il ne manque de s’interroger sur l’homme et le monde, c’est par le poème qui reste au centre de son univers.
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ce qu’on appelle un oiseau, ce n’est pas un oiseau,
c’est un voile avec l’oiseau en dessous,
c’est une prairie avec des insectes minuscules,
de la rosée, du chant d’herbe et un voile au-dessus de tout ça,
et c’est aussi du chant d’oiseau,
si lointain qu’on ne sait pas s’il viendra un jour,
ou s’il restera à chanter au centre
du Nulle part,
au centre d’un poème,
[…]
In Les lèvres et la soif, © Lettres vives, 2016, p.24
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un poème vient en réalité de nulle part
et il ne va nulle part ailleurs
qu’au centre de soi-même,
quelle que soit l’ombre ou la lumière
qui le pousse à devenir un jour
poème
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In Les lèvres et la soif, © Lettres vives, 2016, p.65
La poésie de Namur n’est jamais éloignée des préoccupations humaines, du souci de l’humanité et c’est l’oiseau qui symbolise cette quête d’un monde éveillé.
[…]
ô lumière de l’éveil,
toi
que je chante maintenant à tue-tête
dans le poème,
toi qui t’es posée un jour
sur des lèvres nues et sans vie
comme le fit autrefois l’oiseau
au bord de la fontaine sèche,
avais-tu mesuré
combien était grande ma soif,
combien était réel mon désir
de marcher avec le chœur des hommes,
[…]
In Les lèvres et la soif, © Lettres vives, 2016, p.57
Un recueil empreint de questionnements que le poème tente de guider, d’une inquiétude qu’il tente de consoler et d’un espoir qu’il porte.
[…]
et je me demande encore :
qui de l’oiseau
ou du poème que j’écris maintenant,
qui apaisera désormais nos bouches terreuses
et nos rêves de soif,
qui de l’un ou de l’autre
marchera maintenant avec nous dans le Réel,
qui nous portera l’un comme l’autre
jusqu’au céleste,
qui,
[…]
In Les lèvres et la soif, © Lettres vives, 2016, p.84
Internet
- Dans La Pierre et le Sel, Yves Namur à Sète en 2013
- Page Wikipédia
Contribution de PPierre Kobel
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