« […] dans un lien irréductible et lancinant entre l’amour de la parole et la parole d’amour, la poésie pouvait vraiment dire l’amour – et ce jusqu'à la plus extrême sensualité. » écrit Zéno Bianu dans la préface de son édition de l’anthologie de la poésie érotique Éros émerveillé. Le texte suivant de Laure Cambau en est un exemple parlant.
Le couteau dans l’étreinte
(extraits)
Au fin fond de nos nuits spirales
je me blesse à un ailleurs fermé
donne-moi ton souffle
en forme de cage
que j'y laisse mon âme en feu
*
j'ai pris le sommeil dans ta poche,
sur ton os il y avait une fleur tatouée
rouge offerte
j'ai rangé tes entrailles
qui séchaient avec les poils et les sabots
à l’oreille
j'ai pris la température de l’extase
et sur ta lèvre bleue
testé le goût du vide,
mon souffle te va si bien
*
Le ciel est en vente libre
et le sexe en bouteille
goûtons au jus d’ange doré
car au fond de la sève il y a le jour
*
Tu ouvres mon corps par la poignée des seins
puis t'installes dans le sarcophage bouillant
machine à idées folles
magasin d’œufs et de graines
tu manges la braise
et te chauffes au feu des mots et des langues
puis échappes
par l’oreille
à mes fantômes domestiques
In Éros émerveillé, © Poésie/Gallimard, 2012, p.575
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Contribution de PPierre Kobel
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