Ming Di poète d’origine chinoise est poète, enseignante et traductrice. Elle vit aujourd’hui en Californie. Plusieurs de ses textes traduits par Marilyne Bertoncini sont parus dans le numéro 115-116 d’Arpa et ses textes ont été également publiés sur Recours au poème.
Une façon de regarder un merle
Ferme les yeux, dit Marina.
Je vois le noir, puis blanc :
Un point noir avant un oiseau
illumine comme des plumes
sur un fil radieux. Il me regarde,
comme un dieu minuscule -
faible et sans doute blessé,
mais il est là.
Je sens passer Marina avec mes yeux
fermés, comme si j’étais deux personnes :
l’une avec Marina Abramovic,
debout ou au repos,
suivant ses mots.
Ou bien elle ne dit rien. Une autre vie
rien qu’avec un oiseau.
De mes deux corps,
l’un est fermé — je marche et fais face
au merle.
Garçon ou fille ? J’ai apporté un parapluie, mais
il ne pleut pas à Londres.
Le soleil est pluie — rayons et lignes —
sur lesquelles perche le merle,
me pensant oiseau moi aussi,
dans la lumière. Assise
dans mon ombre, du regard je suis son départ —
la courbe du vol,
où il atterrit : ma nouvelle demeure.
En valsant, corps et esprit,
j’entends Marina très loin à travers
l’espace. Sa voix : un trille de violoncelle.
Elle — un oiseau, en robe
et chaussures noires. Hors de mon corps maintenant, la nuit
autour de moi, je joue l’oiseau.
Assise face au vide, j’accueille le sol
entre mes pieds. Un arbre pousse
de moi, s’élevant avec
l’oiseau dessous. Mes bras et branches bougent —
je veux tomber - raté.
Voler seulement
ne fait pas un oiseau. Il faut
descendre en volant.
Je me baisse — j’essaie — et j’atterris
dans mon oiseau intérieur.
Je disais souvent que j’étais
oiseau, sans savoir
ce que cela signifiait, maintenant, je bats des ailes préhistoriques.
Je m’élève. Hors de mon corps, je rejette la nuit
à gauche. Hors
de mon corps, je lance la lumière à ma
droite. Je m’élève. Mon corps — un arbre — se divise.
Bibliographie partielle
- Livre des sept vies, © Recours au poème, 2015
- Histoire de famille, © Transignum, 2015
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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