Qui ne souhaiterait pas voir s’ouvrir la sensibilité à la poésie dès le plus jeune âge ? Alors qu’on ne cesse de vouloir mettre à l’avant, les apprentissages fondamentaux que sont la lecture et la culture, il convient également de donner des racines à la culture des enfants et la poésie en est un élément fondamental.
Je n’épiloguerai pas ici quant au bien-fondé de la récitation hebdomadaire telle qu’elle fut imposée à la plupart d’entre nous. Comme tout exercice scolaire, elle ne se justifie que comme outil d’apprentissage et perd toute légitimité dès qu’elle conduit au dégoût du sujet qu’elle porte. Pour ma part, j’ai appris à aimer la poésie avec ceci :
Quelle heure est-il ?
Il est midi.
Qui vous l’a dit ?
La petite souris.
Où était-elle ?
Dans une chapelle.
Que faisait-elle ?
De la dentelle.
Pour qui ?
Pour les dames de Paris
Qui portent des souliers gris.
Devenu instituteur en maternelle, j’ai utilisé ce texte durant des décennies pour l’apprendre à mes élèves de façon ludique et toujours pour le plaisir de la langue.
Car c’est le jeu et la chair des mots qui conduit au langage, à l’acquisition du vocabulaire. Et quelle porte d’accès unique au langage et aux mots est la poésie ! J’ai souvent regretté que nombre d’enseignants n’aient pas une culture poétique plus importante. Ils s’en tiennent pour le plus grand nombre à un corpus convenu de textes, sans aller à la curiosité de ce qui s’écrit aujourd’hui.
Je le répète ici, il suffit de mesurer l’accueil très positif qui nous est fait dans les écoles, collèges et lycées pour comprendre quelle place doit retrouver la poésie dans l’enseignement. Non pas une discipline parmi d’autres, mais le creuset fondateur de la formation des esprits, d’une appréhension autre du monde et de sa propre humanité.
Bibliographie
- Bruno Doucey, Le Prof et le poète – À l’école de la poésie, © Entrelacs, coll. « Connivences », 2007
Contribution de PPierre Kobel
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